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Lorsque vient le temps de planifier une stratégie pour désherber le soya génétiquement modifié (GM), plusieurs producteurs agricoles optent pour un seul passage de glyphosate. Ils effectuent celui-ci lorsque la majorité des mauvaises herbes sont germées.
Cette stratégie est économique, et le résultat visuel est satisfaisant, car on voit les mauvaises herbes qui sont détruites après l’arrosage. Mais choisir systématiquement cette méthode de désherbage, comme si elle allait obligatoirement de pair avec la technologie Roundup Ready, n’est pas toujours la meilleure stratégie.
Tout d’abord, dans cette culture comme dans toutes les autres, l’élaboration d’un plan de phytoprotection doit prendre en compte les données de dépistage, les cultures en rotation, les données historiques des traitements précédents et de leur efficacité, les équipements disponibles, etc.
Selon le Guide de lutte contre les mauvaises herbes 2021, publication 75A-F, un seul passage de glyphosate est une option adéquate dans les champs où la pression exercée par les mauvaises herbes est normalement faible, et où l’application n’est pas repoussée au-delà du stade de la 3e feuille trifoliée.
Dans les champs plus problématiques
En revanche, dans les situations où les mauvaises herbes sont nombreuses en début de saison, des essais menés à l’université de Guelph ont montré une diminution de rendement de l’ordre de 13 % lorsqu’un seul passage de glyphosate est réalisé au stade V3 (trois trifoliées) par rapport à un témoin désherbé. C’est que pour le soya, la période critique sans mauvaises herbes se situe entre le stade de 1 à 3 feuilles trifoliées. Cette période critique est le moment le plus important pour éliminer la compétition et minimiser l’impact sur le rendement.
En fonction des données de dépistage qui l’informent sur les espèces présentes et la pression qu’elles exercent, le conseiller pourra recommander, dans les champs les plus problématiques, l’utilisation d’un herbicide résiduel en prélevée du soya, suivi d’une application de glyphosate en post-levée tardive. Cette option est particulièrement intéressante lorsque les données historiques semblent montrer une perte d’efficacité du glyphosate sur certaines espèces, ou que d’importantes populations de mauvaises herbes qui germent sur une longue période sont présentes. Cette stratégie implique évidemment des coûts supplémentaires, mais les risques de pertes si le potentiel de rendement n’est pas protégé sont à considérer dans l’équation. De plus, une stratégie à deux passages permet la répartition des travaux et la diminution des risques si les conditions météo ou de sol ne permettent pas l’application du glyphosate en post-levée au moment propice.
Finalement, un autre avantage de l’utilisation d’un herbicide résiduel est la gestion de la résistance au glyphosate, surtout lorsque cette molécule est également utilisée dans le maïs en rotation. Au Québec, la résistance de quelques mauvaises herbes est maintenant confirmée, dont celle de la petite herbe à poux, que l’on retrouve souvent dans cette culture. Utiliser des herbicides avec des modes d’action différents aide à prévenir le développement de la résistance et les pertes financières qui en découlent. Il existe maintenant sur le marché des variétés de soya GM tolérantes à plusieurs matières actives, dont le dicamba ou le 2,4-D qui sont résiduels au sol. Ce sont d’autres outils permettant d’élargir la fenêtre d’application pour contrôler les mauvaises herbes tôt en saison, en utilisant un groupe d’herbicides différent.
Outils de lutte intégrée Les cultures tolérantes aux herbicides sont souvent considérées comme un moyen simple de gérer le désherbage. Elles devraient plutôt être considérées comme un outil de plus à inclure dans une démarche de lutte intégrée. La diversité des moyens de lutte aux mauvaises herbes passe, entre autres, par un bon dépistage, une rotation des cultures et des groupes d’herbicides. Cette stratégie demeure primordiale pour préserver leur efficacité et pour générer le maximum de profit sur chaque hectare. |
Christian Blanchard, agr., directeur général d’Agrocentre Fertibec