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Les Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline, appelés SARM, représentent un enjeu de santé important, pouvant causer une variété de conditions allant d’une infection superficielle de la peau jusqu’à des infections très sévères affectant différents organes. Ces bactéries sont résistantes à tous les antibiotiques de la famille des bêta-lactamines, posant un défi supplémentaire pour le traitement des personnes et des animaux infectés.
Mondialement, les experts en santé publique et animale étudient ces SARM aussi bien chez les humains que chez les animaux afin de les caractériser et de les comparer. De plus, ces experts évaluent le risque de colonisation par des SARM chez différentes espèces animales et suivent leurs profils de résistance aux antibiotiques, pour savoir si la situation tend à s’améliorer ou à s’aggraver.
Les humains s’infectent habituellement par contamination au sein de leur communauté ou via un séjour dans les services de santé. Beaucoup plus rarement, la contamination est associée aux animaux via un contact direct avec l’animal ou à la suite de la manipulation de viande. En Allemagne et au Canada, il a été démontré que les éleveurs porcins portent dans leurs voies respiratoires des SARM d’origine porcine, sans être malades. La présence de SARM chez le porc est d’ailleurs reconnue mondialement.
Plusieurs travaux démontrent que chez les animaux d’élevage, les SARM proviendraient à l’origine d’une contamination humaine, et que ceux-ci se seraient ensuite adaptés génétiquement à leur nouvel hôte animal.
Dans les élevages de poulet
Afin d’estimer le risque sanitaire posé par la volaille, une équipe interuniversitaire du Centre de recherche en infectiologie porcine et avicole (CRIPA) a voulu estimer la prévalence des SARM dans les élevages de poulet du Québec. En 2014, des échantillons provenant de 200 poulets de chair issus de 38 fermes ont été prélevés sur une période de 9 mois. De plus, 309 échantillons de viande de volaille provenant de commerces alimentaires de la Montérégie ont été collectés sur une période de 6 mois en 2013. Aucun poulet n’a été détecté porteur de la bactérie SARM. Par contre, quatre échantillons de viandes de poulet prélevés étaient contaminés par deux types de SARM différents, un d’origine animale dans trois commerces et un d’origine humaine dans un autre commerce, suggérant une contamination lors de l’abattage ou de la transformation des viandes. La prévalence des SARM dans la viande de poulet au Québec a été estimée à 1,3 %, ce qui est similaire à celle des autres pays testés en Europe et aux États-Unis.
La contamination de la viande Sous la supervision de la professeure Marie Archambault, experte en antibiorésistance, et du professeur François Malouin, expert en génétique des SARM, l’équipe de recherche a vérifié la concordance entre le profil génétique des SARM et leur aptitude à résister à divers antibiotiques et à former des biofilms. Les biofilms sont des populations de bactéries qui se multiplient dans un gel protecteur. Ces biofilms peuvent adhérer entre autres à la surface des équipements utilisés en industrie alimentaire, formant un avantage pour la persistance de la bactérie. Or, les deux types de SARM isolés dans la viande des volailles sont aptes à former des biofilms. Des efforts doivent donc se poursuivre pour restreindre le risque de contamination de la viande dans l’industrie alimentaire. |
Dre Marie Archambault, m.v., Professeure titulaire, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal
Dre Julie Arsenault, m.v., Professeure agrégée, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal
Mario Jacques, Professeur titulaire, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal
François Malouin, Professeur titulaire, Faculté des sciences, Université de Sherbrooke
Cécile Crost, Coordonnatrice, Centre de recherche en infectiologie porcine, CRIPA-FRQNT