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Si vous me voyiez… Je suis assise par terre au milieu de ma pelouse et je remercie la vie d’être entourée de tant de trésors. Vous allez vous demander si, autour de moi, j’ai de l’or ou des diamants. Eh bien, non! J’ai des mauvaises herbes ou, devrais-je dire, ce qu’on croit être des mauvaises herbes.
Depuis des décennies au Québec, on nous vante la pelouse parfaite sans aucune « mauvaise » plante, tellement verte que les yeux nous sortent des orbites. Mais pour arriver à ce résultat, il faut beaucoup d’engrais, souvent chimique, beaucoup d’herbicides et d’eau.
De nos jours, on voit les mentalités changer. Les gens comprennent de plus en plus que leur cour est un milieu de vie fragile qu’il faut protéger. On recherche les pelouses mélangées qui requièrent moins d’eau. On devient plus indulgent sur les mauvaises herbes. Enfin!
Mais laissez-moi vous montrer les beautés de mon gazon à moi. Je ne l’ai jamais traité; je ne l’ai que tondu.
En premier, il y a bien sûr le pissenlit. Cette vivace est délicieuse en salade mélangée avec de la roquette. Je la cueille avant la floraison, avant qu’elle ne devienne plus amère. La racine aussi se mange, râpée dans plusieurs plats. Les grands-mères disaient que le latex de pissenlit – vous savez, ce petit liquide blanc qui tache – fait merveille sur les verrues. Je l’ai moi-même essayé et ma verrue est partie. Peut-être est-ce un hasard? À vous de voir.
Puis vient le plantain ou, comme l’appelaient les Autochtones, « pied de l’homme blanc ». En effet, le plantain est arrivé en Nouvelle-France avec les colons français, qui avaient sûrement des graines collées à leurs semelles, ce que n’avaient pas manqué de remarquer les Autochtones. Il pousse dans une terre compactée et plutôt pauvre. Le plantain est efficace contre la brûlure d’une piqûre d’insecte; il suffit de frotter une feuille sur la piqûre. En cataplasme, il a des vertus antiallergiques. Il favorise aussi la cicatrisation, ce qui est bon à savoir si on se coupe dans nos bois ou nos champs. On peut manger ses feuilles, qui goûtent un peu le champignon.
Quant au chénopode blanc, ou « poulette grasse », on le voit un peu moins dans la pelouse, mais beaucoup au jardin. Il arrive souvent à la suite d’un épandage de fumier frais. Il aime les terres riches en azote et pousse très rapidement. Il peut d’ailleurs facilement atteindre 1 m de haut. Ses feuilles sont très bonnes cuites, en potage. Elles sont riches en vitamine A et C.
Pour finir, la prêle, cette mal-aimée, indique par sa présence qu’un sol est acide. Donc un épandage de chaux ou de cendre de bois chaque année la fera diminuer. En purin, elle devient un merveilleux fongicide. Elle fait merveille au début de l’apparition de mildiou. Riche en silice, elle resserre les tissus de la plante. La prêle est efficace contre la tavelure de la pomme, la pourriture des fruits et la rouille. Un mélange de 10 % de purin pour 90 % d’eau de pluie est conseillé. Il ne vous faudra que 1 kg de prêle pour 9 L d’eau en macération.
Vous voyez, les mauvaises herbes ne sont pas si terribles. Elles ont seulement mauvaise réputation.
Bon jardinage! xx