Oui, vous avez bien lu. Oui, je suis sérieuse. Il y a plusieurs bonnes raisons d’y croire. Dans mon cas, ça part d’une histoire que mes parents m’ont racontée : de cette fois où l’une des vaches d’une paire d’inséparables était morte subitement et que la production de lait de son amie avait drastiquement chuté du jour au lendemain sans que la moindre condition vétérinaire ne puisse l’expliquer. Sans blague.

Les plus remarquables sont justement ces « inséparables ». Il y a quelques paires que j’ai eu le plaisir d’observer au fil des années. Joanie et Sissy, Jorane et Lotus, Forever et Judith, Jennie et Joann, Fiona et Javeline sont ensemble depuis leur plus jeune âge, sauf pour Forever et Judith (Forever avait un an lorsqu’elle est arrivée dans le troupeau). La plupart des paires sont composées d’une vache plus peureuse ou réservée (souvent pas vraiment bien placée dans la hiérarchie, non plus) et d’une plus fonceuse et combative. Est-ce là la formule magique pour former des amitiés bovines aussi solides? Probablement pas. J’en aurais eu beaucoup plus à nommer, sinon.

Chose certaine, observer les amitiés de vaches et voir leurs interactions permet d’assister à de beaux moments. J’ai déjà vu Sissy aller faire partir tout le monde au bain d’eau juste pour que Joanie puisse aller boire. Ça fait un petit peu chaud au cœur de voir ce genre d’actions, surtout quand on parle (je dis ça en termes très généraux) de gérer la compétition parfois féroce qui existe entre les vaches.

C’est l’un des avantages d’avoir un petit troupeau comme chez nous : c’est beaucoup plus facile d’observer ce genre de liens quand on a moins de vaches à voir en même temps. Mais ça demande quand même de s’arrêter un instant, de prendre le temps de regarder. Et ça me rappelle que même si elles ne parlent pas la même langue que nous, elles restent des créatures sociales, elles aussi. Je me demande parfois si elles « jasent » de « potins » entre elles.

En collaboration avec la Fédération de la relève agricole du Québec