Récemment à la radio, Christine Morency a proclamé une ode à la différence, en réponse à une mère dont les enfants vivaient de l’intimidation à l’école. En écoutant le sujet, j’ai vite replongé dans mes vieilles blessures d’enfance où les autres enfants riaient de moi parce que j’étais différente. Oui, j’étais plus grande et plus enrobée que la moyenne des enfants de mon âge, « élevée au lait pur », comme on dit par chez nous. Ce qui me faisait le plus de peine était d’être l’objet de moqueries parce nous avions une ferme à la maison. À notre école, nous n’étions que six enfants issus de deux familles agricoles (non apparentées) sur plusieurs centaines d’écoliers. Alors, bien entendu, nous étions hors du commun en plein cœur de Vaudreuil-Dorion. Comme Christine quand elle a lancé son message d’espoir en direct, je n’ai pas envie d’expliquer tout le mal que ces mots m’ont causé dans ma jeunesse, mais plutôt d’évoquer les raisons pour lesquelles, aujourd’hui, je suis fière d’avoir grandi dans ce milieu, et d’y prendre part activement en tant qu’adulte. 

En grandissant dans une ferme, nous avons la chance d’apprendre la valeur du travail bien fait et des responsabilités, et ce, dès notre plus jeune âge. Nous avons la chance de connaître la biologie des animaux et des végétaux, de comprendre l’importance de la pluie et du soleil, autre que pour faire des arcs-en-ciel. Nous avons la chance d’apprendre à reconnaître tout le travail et les sacrifices qui se trouvent derrière un verre de lait, une tomate ou une cuillère de miel. Je me souviens encore d’une présentation orale que j’ai faite sur le colostrum en quatrième année du primaire, parce que oui, à 7 ans, on sait que ça existe quand on a eu la chance d’en faire boire à un veau naissant. 

En grandissant dans une ferme, on voit notre famille travailler corps et âme pour offrir des produits de qualité à manger au grand public et quand on voit tout le travail nécessaire pour produire ces aliments, on est moins enclins à les gaspiller. Grandir dans une ferme, c’est plus qu’apprendre à conduire avant tout le monde et flatter des chatons, c’est prendre part à un secteur économique d’une importance primordiale. 

Alors chers collègues, tant la relève que les producteurs expérimentés, soyons fiers de qui nous sommes et de notre métier que nous exerçons passionnément. Soyons fiers de notre secteur d’activité et travaillons ensemble pour le faire rayonner auprès du public qui, parfois, se méprend à notre égard. Soyons aussi forts que l’ont été ceux qui nous ont précédés et continuons à célébrer nos différences, parce que la différence, c’est beau et nécessaire.  

En collaboration avec
la Fédération de la relève agricole du Québec