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Comme bien d’autres parmi vous, je suis née fille d’agriculteur. Très vite, j’ai marché sur les traces de mon père et joué du coude pour faire ma place au sein de l’entreprise familiale. Études, stages, apprentissages, notre ferme, c’était mon monde, mon rêve. Au retour de mes études, la vraie vie commençait. C’est avec des projets plein la tête et pleine de détermination que je suis revenue à la ferme. Mon but : redresser l’entreprise si durement établie par mon grand-père. Jour après jour, j’essayais de participer à restaurer la santé financière de notre entreprise. Généralement, quand la santé d’une entreprise se détériore, celle de son gestionnaire n’est pas trop forte. Notre ferme ne faisant pas exception à la règle. Mon père était complètement malade. Détresse mentale, dépression, problèmes physiques, il ne voulait recevoir aucune aide. Après plusieurs tentatives d’aide, maison de répit, médecin, travailleur social, rien à faire. Les « maisons de fous », comme il les appelait, n’étaient pas pour lui. Notre réalité, ma réalité à la ferme, est devenue insupportable.
J’en suis venue à faire un choix. Un choix qu’encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à m’expliquer et à accepter, et pourtant, c’était un choix pour ma survie. J’ai quitté l’entreprise, ma ferme familiale, pour aller travailler dans une autre entreprise le temps que ça se calme. Ça ne pouvait pas continuer comme ça, papa finirait bien par accepter l’une des nombreuses mains tendues.
Je suis passée de relève agricole à ouvrière agricole. C’est différent de travailler pour aider quelqu’un à réaliser ses rêves. J’adorais ce que je faisais et, de toute façon, j’aurais ma ferme un jour ou l’autre. Puis, un bon matin, mon père a vendu les vaches, mes vaches.
Aujourd’hui, j’ai fait le choix d’être représentante. De relève agricole à ouvrière agricole et maintenant représentante, ou plutôt impostrice. Celle qui gravite autour de ce métier sans jamais vraiment y toucher.
J’essaie tout de même de tirer le meilleur de mon nouveau rôle qu’est celui d’impostrice. Mon travail me permet d’offrir mon aide à différentes entreprises pour les accompagner dans l’atteinte de leurs objectifs. Mon rêve ne reste jamais bien loin. En attendant, mon implication au sein de plusieurs comités, notamment la relève agricole, me permet de travailler à faire briller autrement ce métier que j’affectionne tant. J’ai la chance de pouvoir travailler avec d’autres passionnés du milieu, agriculteurs ou pas, et ensemble, qui sait, peut-être réussirons-nous à faire changer les choses qui doivent être changées. Pour la relève agricole, ce n’est pas l’entreprise que nous avons qui compte, mais l’intérêt pour le monde de la terre, et ce dernier, je le porte au fond du cœur.
En collaboration avec
la Fédération de la relève agricole du Québec