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Parce que dame Nature est de plus en plus imprévisible, le recours au séchoir à foin devient une tendance de plus en plus prononcée chez les producteurs de cultures fourragères pour s’assurer d’avoir accès à du foin vert, sans poussières et contenant le bon pourcentage d’humidité (10 à 12 %).
Que ce soit pour sécher le foin en vrac ou en balles, la conversion d’une grange existante en séchoir ou la construction d’un nouveau bâtiment étaient jusqu’à récemment les seules options pour s’équiper d’un tel outil avec l’assurance d’avoir à débourser des investissements substantiels.
Ancien président du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), Germain Lefebvre a commencé à s’intéresser à un nouveau type de séchoir à foin il y a six ans, en compagnie de son fils Antoine. « Au début, on avait imaginé le concept en utilisant un conteneur maritime. Puis, cela a évolué vers une remorque 53 pi », explique le producteur de Saint-Charles-sur-Richelieu, qui a vendu son premier modèle en 2019 et qui est à finaliser trois autres transactions ce printemps.
L’ingéniosité du séchoir à foin Novations AGL réside dans le fait qu’il a été pensé comme un équipement plutôt qu’un bâtiment. « Tu l’installes à proximité d’une conduite de gaz naturel ou si tu n’as pas accès à cette source d’énergie, tu l’alimentes avec une citerne de gaz propane. Si tu décides un jour de le vendre ou de le déplacer, c’est facile », explique Antoine Lefebvre responsable des aspects ingénierie et électronique du projet.
Bientôt un modèle pour les petites balles
Grâce à un système de ventilation alimenté par l’air ambiant et d’un brûleur (720 000 BTU) faisant monter la chaleur à un niveau de 55 0C, l’air chaud est propulsé dans un conduit placé sous la remorque jusqu’à un plénum qui assure une diffusion uniforme et constante à l’intérieur. Le séchoir à foin Novations AGL peut recevoir un maximum de 38 grandes balles rectangulaires (32 po x 34 po x 8 pi). « C’est important de presser les balles à la bonne dimension, car il faut que ce soit compact, étanche et hermétique à l’intérieur pour que l’air chaud circule uniformément au travers de la masse de foin et non entre les balles », précise Germain Lefebvre. Le duo d’entrepreneurs planche actuellement sur l’adaptation de leur séchoir pour les petites balles de foin. « Il y a beaucoup de demandes de ce côté-là », souligne Antoine Lefebvre.
Dépendamment du taux d’humidité du foin lorsqu’il est introduit dans le séchoir, cela prendra entre 12 et 24 heures pour atteindre le niveau désiré (10 à 12 %). Grâce à un treuil fixé sur le plancher pour faire circuler les balles à l’intérieur, les opérations de remplissage et de vidage de la remorque prennent de 20 à 30 minutes chacune et peuvent être accomplies par une seule personne. « Je crois qu’aucun séchoir n’offre la convivialité de notre concept », souligne fièrement Germain Lefebvre.
Vendu environ 45 000 $ l’unité, le séchoir Novations AGL coûtera à opérer entre 10 $ à 15 $ la tonne de foin selon le prix du gaz naturel de 2019 (il a diminué cette année). La facture fluctuera également selon la saison puisqu’il consommera moins d’énergie en été pour atteindre le seuil de 55 0C qu’en automne, alors que l’air ambiant est de moins de 10 degrés par exemple.
« Rempli à pleine capacité, je dirais qu’à partir de 20 lots de balles par saison, il commence à être rentable », calcule Germain Lefebvre. Celui-ci estime qu’au contraire du foin séché naturellement qui sera quelquefois déclassé et vendu moins cher, les balles qui sortent de son séchoir offrent une qualité constante et par le fait même, vont chercher la fourchette supérieure de prix sur le marché.
Le séchoir de Novations AGL se distingue également par son système de contrôle permettant de suivre en temps réel l’évolution du séchage grâce à des capteurs de température, d’humidité et de pression placés à l’intérieur de la remorque. Cet écran tactile peut être relié à un téléphone intelligent et expédier un message texte qui avertira le producteur que l’opération de séchage est terminée.
Fidélisation de la clientèle
Propriétaire d’une ferme d’engraissement de porcs à Compton, en Estrie, et producteur de foin de commerce, Michael Simard s’est équipé d’un séchoir Novations AGL en 2019. Il a été tellement satisfait des résultats qu’il en a acheté un second ce printemps. « Nous augmentons nos superficies en culture cette année et l’an dernier, j’arrivais à peine à suffire à la demande avec un séchoir », explique le jeune agriculteur.
« Je ne m’en suis pas beaucoup servi en première coupe parce que la température était de notre côté, mais pour la deuxième, j’y ai fait sécher toutes mes balles. Ça prenait environ une vingtaine d’heures », explique-t-il. Michael Simard estime avoir y fait sécher près de 1500 balles, soit l’équivalent de 40 opérations à pleine capacité.
L’investissement, selon lui, est rentable par la qualité du produit fini et le prix qu’il peut en tirer. « Ça donne un foin plus vert qui, sur le marché commercial, va être pas mal plus vendeur. Les acheteurs y voient une bonne différence et reviennent quand ils en ont besoin », termine le propriétaire de la Ferme Leylo.
Bernard Lepage, collaboration spéciale