Chronique CQPF 28 juin 2024

Quand l’herbe prend le dessus, doit-on faucher nos pâturages?

À cette période-ci de l’année, il est fort probable que l’herbe soit très haute dans vos pâturages. L’herbe semble en équilibre avec le troupeau? Continuez vos rotations. Si l’herbe est en excédent de ce que les animaux consomment, alors vous aurez beaucoup de volume, mais une diminution marquée de la qualité de l’herbe. Bien que cela puisse convenir à des animaux ayant des besoins énergétiques faibles, si votre objectif est de produire du lait ou de faire de bons gains de poids, alors vous pourriez considérer d’autres options. Mais avant de sortir le tracteur, il est essentiel de définir clairement ses objectifs et d’explorer les meilleures pratiques de gestion. Voici quelques options lorsque l’herbe est en surplus.

Augmenter la densité animale 

Pour ceux en pâturage intensif, réduire la taille de vos parcelles et augmenter la densité animale. Déplacer les animaux fréquemment leur permettra de consommer les parties les plus nutritives des plantes tout en écrasant le reste. Oui, vous avez bien lu : cela implique un piétinement intentionnel! L’herbe écrasée se desséchera et se décomposera, favorisant une nouvelle croissance. Alors que certains pourraient considérer cela comme du gaspillage, beaucoup y voient un investissement pour l’avenir. En laissant les résidus au sol, les nutriments restent en place, contribuant ainsi à augmenter la matière organique, à nourrir les micro-organismes du sol et à créer une couverture végétale qui aide à protéger le sol contre l’assèchement.

Un des nombreux avantages de cette technique est que les animaux peuvent se déplacer sur des terrains accidentés où la machinerie ne peut pas aller. Si cette approche n’est pas envisageable, car les superficies en surplus sont trop grandes, retirer certains champs de la rotation permettra de retourner plus tôt dans les premiers champs broutés (s’ils sont déjà prêts à recevoir le troupeau), assurant ainsi la qualité fourragère de l’ensemble de vos champs.

Voici, ci-après, ce que vous pouvez faire avec les champs retirés.

Faucher et laisser au sol 

La fauche permet le contrôle de la qualité de l’herbe. C’est une réinitialisation de la pousse de l’herbe. Le regain sera digestible et de grande qualité. Une fauche haute (de 4 à 6 pouces ou plus) permettra une repousse rapide et évitera d’épuiser les plantes.

Faucher et récolter

La récolte permet de nourrir le troupeau hors saison, mais elle entraîne une sortie de nutriments du champ. Pour compenser ce phénomène, il est nécessaire d’apporter des fertilisants, de préférence du fumier, afin d’éviter l’appauvrissement du pâturage. Cette technique requiert un champ relativement plat et exempt de roches, ce qui n’est pas toujours le cas pour tous les pâturages. 

Réserve sur pied

Les champs retirés de la première rotation ne doivent pas absolument être fauchés : on peut les laisser maturer. Les plantes produiront des semences qui retomberont et enrichiront la banque de semences du sol. Les plantes augmenteront également leurs réserves racinaires, renforçant ainsi leur résistance à la sécheresse. Il faut toutefois s’attendre à une baisse de la qualité fourragère cette année-là.

Quelle que soit l’option choisie, il est crucial de respecter un délai minimal de 30 jours avant de permettre au bétail de retourner dans les champs fauchés ou pâturés. Si vous optez pour la paissance, assurez-
vous de retirer les animaux avant qu’ils aient la chance de manger la repousse. Cela garantit une repousse suffisante et une utilisation durable des pâturages.