Chronique CQPF 26 août 2024

Premier tour de roue en pâturage intensif : partage de notre expérience

La fin juillet a clôturé notre première année en pâturage intensif, qui s’est avérée riche en découvertes, essais, acquisition de connaissances et émerveillement. Notre petite entreprise, Rustik Bison, est établie sur 10 hectares loués, à Saint-Herménégilde, en Estrie, où nous élevons une trentaine de bisons. Notre champ est divisé en sept parcelles dispersées autour d’une allée centrale toujours accessible, avec un abreuvoir et une mangeoire à vitamines et minéraux. Notre rotation se fait aux 3 jours, ce qui permet un repos de 21 jours avant que les animaux ne reviennent dans la même parcelle. Nous n’utilisons aucune clôture temporaire puisque les bisons les détruisent (ben oui, on a essayé quand même!). Notre travail est donc très simple : ouvrir une porte, fermer l’autre, 15 minutes aux 3 jours. Ça et nettoyer le bol à l’eau et réparer des clôtures de division (ça arrive!), c’est au maximum 90 minutes par semaine. Pas de nourriture à donner, pas de fumier à ramasser, la paresse par excellence, croyez-moi!

À la suite de notre premier tour de roue, voici trois de nos apprentissages les plus importants.

– Fertiliser ou ne pas fertiliser, là est la question. Avec notre densité animale, il nous faut du volume en fourrage et pour l’obtenir, une application d’engrais a été nécessaire et très économique. (Avez-vous déjà calculé votre temps et vos frais de machinerie, de plastique, de récolte, d’entreposage, etc. pour faire et distribuer du fourrage?) Plus les animaux récoltent eux-mêmes, plus nous économisons de l’argent, même si nous devons payer de l’engrais à 1 000 $ la tonne. Et non, le lisier ne comble pas les besoins en fertilisation des graminées dans notre système.

– Se fier à nos yeux et à notre intuition. On voit pousser, on marche dedans, on voit nos animaux. Nos yeux et nos sens sont nos meilleurs alliés. Pas une saison ne se ressemble et on doit continuellement s’adapter. Quand on se doute de quelque chose, on est les mieux placés pour essayer des solutions! On a été très bons de se fier à nos intuitions de faucher ou pas, de fertiliser ou pas… On s’est toujours laissé des bandes témoins pour vérifier si nos intuitions nous poussaient dans le bon chemin et on ne s’est pas trompé jusqu’ici.

– Il n’y a pas de recette gagnante ou miracle. Ce qui marche pour nous peut ne pas fonctionner dans votre système. C’est du cas par cas et en cas de doute, revenez au deuxième apprentissage.

Enfin, profitez-en pour échanger avec d’autres producteurs. C’est notre plus grande richesse de pouvoir partager nos bons et mauvais coups. Bonne fin de saison en pâturage!