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Il n’est pas toujours évident de déterminer le meilleur moment pour faucher. Stade de croissance, nombre de degrés-jours, météo… La liste des éléments à prendre en considération est longue et laisse peu de marge de manœuvre.
Pour savoir quand faucher, la plupart des producteurs utilisent encore la bonne vieille méthode de « marcher son champ ». Le calcul des degrés-jours s’avère souvent un bon indicateur pour savoir quand sortir au champ, soit entre 225 et 300 degrés-jours selon le type de fourrage. L’outil Agrométéo permet d’ailleurs aux producteurs de suivre le cumul des degrés-jours dans une région donnée.
« Une fois qu’on est au champ, il y a plusieurs autres facteurs à prendre en considération », mentionne l’agronome et professionnel en nutrition et fourrages chez Lactanet, Jean-Philippe Laroche.
Certains producteurs vont par exemple mesurer la hauteur des tiges de luzerne. Il suffit alors de choisir quelques sections d’un ou deux pieds carrés, de mesurer le plan le plus mature et de faire une moyenne parmi toutes les données récoltées. Pour obtenir un fourrage de qualité, il est recommandé de faucher lorsque la luzerne atteint en moyenne 28 pouces de haut. Dans le cas des graminées, on parle plutôt de 22 pouces de haut.
Selon Jean-Philippe Laroche, beaucoup de producteurs vont plutôt se fier au stade de croissance de la plante. « Typiquement, si on veut un bon équilibre entre rendement et valeur nutritive, il faut récolter la luzerne au stade début floraison et les graminées au début épiaison », illustre-t-il.
Un nouvel outil d’aide à la décision a également été développé par le Centre de Référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec, en collaboration avec l’Université McGill, Agriculture et Agroalimentaire Canada, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et Lactanet. L’application Web nommée NUTRI-Fourrager permet de prédire la valeur nutritive des fourrages avant leur récolte.
« On doit faire quelques petites observations et mesures, on rentre ça dans le système et ça nous dit combien de jours il reste avant que le plein potentiel de ce champ-là soit atteint », résume le producteur laitier et président du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), Alphonse Pittet. NUTRI-Fourrager fonctionne seulement pour les mélanges luzerne-graminées.
L’ennemi public numéro 1 : la pluie
Une fois les calculs théoriques terminés, la réalité est que le producteur doit prendre en considération d’autres facteurs avant d’ensiler, dont la météo. « Il nous faut une fenêtre de 24 h à 36 h après une pluie normale pour être capable de récolter un bon ensilage », estime Alphonse Pittet.
De son côté, Jean-Philippe Laroche calcule qu’une pluie commence à être dommageable à partir de 1,2 mm. « Quand cette quantité d’eau tombe sur nos fourrages, ça va lessiver les meilleurs nutriments et on perd beaucoup de valeur nutritive. »
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il faut sécher le foin le plus rapidement possible une fois qu’il est fauché. Les enzymes qui consomment les bons nutriments de la plante travaillent seulement dans l’humidité. « Si on sèche le foin rapidement, on laisse donc moins de temps à ces enzymes pour s’activer », ajoute le spécialiste.
Pour diminuer les impacts de la météo sur la récolte des fourrages, plusieurs producteurs se sont tournés vers l’ensilage d’un jour. Selon le président du CQPF, cette technique est cependant moins populaire qu’auparavant, parce qu’elle est plus compliquée et que sa réussite dépend de la composition des prairies.
L’importance d’une bonne régie Pour assurer une bonne survie des plantes à l’hiver, Jean-Philippe Laroche conseille de laisser tomber la fauche automnale. « Si on a une régie de coupe trop intensive, on vient diminuer la capacité de la luzerne d’accumuler les réserves dont elle a besoin pour passer l’hiver », soutient-il. Il mentionne d’ailleurs une étude québécoise qui a démontré qu’il n’y a pas d’effet positif d’une fauche automnale sur le rendement global d’une prairie de quatre ans. « Quand on fait cette dernière fauche avant l’hiver, on vient diminuer le rendement des années suivantes. Sur quatre ans, on ne gagne rien. » À moins que le producteur ait réellement besoin d’une fauche d’automne, le spécialiste ne la recommande plus.
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Ce texte est paru dans l’édition de mai 2021 du magazine L’UtiliTerre.