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Dans un système agroforestier intercalaire (SAI), plusieurs rangées d’arbres sont disposées à l’intérieur des parcelles cultivées. Les rangées sont largement espacées, soit jusqu’à 60 m, pour permettre un passage sans tracas de la grande machinerie agricole dans les « allées » cultivées. En adoptant un SAI, nul besoin de changer sa régie habituelle. Ces systèmes novateurs sont actuellement expérimentés dans différentes régions au Québec.
À la Ferme Bertco, à Baie-du-Febvre, un SAI composé de divers feuillus nobles et de peupliers (50 arbres/ha) a été implanté en 2012. Le système est très dynamique, et la récolte des peupliers, déjà parvenus à leur maturité commerciale, est planifiée pour l’automne 2024. Une équipe de recherche quantifie les rendements agricoles et les bénéfices environnementaux du SAI en le comparant à des parcelles agricoles « témoins » dépourvues d’arbres.
Pendant les neuf premières années, le rendement des cultures en rotation (prairie à base de luzerne, maïs, soya, petites céréales) dans le SAI était équivalent, et parfois même supérieur, à celui dans les parcelles témoins. Ensuite, en 2021 et en 2022, dans une très mince zone proche des rangées d’arbres, les premiers signes de concurrence pour la lumière et l’eau entre les arbres et la culture fourragère ont été observés. C’est la luzerne qui a le plus souffert de cette compétition, alors que les graminées n’ont pas été affectées. Il est bien connu que la luzerne tolère un peu moins bien l’ombrage que les graminées comme la fléole ou la fétuque. Néanmoins, la qualité nutritive du fourrage tendait à être améliorée dans la zone proche des arbres. Dans la large zone proche du centre des allées, le rendement fourrager était équivalent à celui des témoins. Il a même été amélioré lors d’une coupe.
Les chercheurs ont observé que les effets positifs des arbres sur les rendements, peu importe la culture, semblent principalement se manifester lors des périodes les plus sèches, possiblement en raison d’une conservation accrue de l’eau dans les sols et de conditions microclimatiques améliorées.
L’hiver doux de 2023 et le faible couvert de neige ont menacé la survie hivernale des cultures fourragères. Or, l’effet brise-vent des rangées d’arbres dans les SAI peut aider l’accumulation de neige.
D’autres bénéfices associés aux SAI ont été mesurés, dont une réduction très importante du lessivage des nitrates dans le sol. Des résultats indiquent aussi que les rangées d’arbres peuvent agir comme un avaloir en améliorant l’infiltration de l’eau dans les sols, grâce aux racines pérennes et profondes des arbres. Lors d’épisodes de pluie importante, le surplus d’eau peut être évacué rapidement et les risques de ruissellement seraient réduits. Le SAI pourrait donc améliorer le rechargement des nappes phréatiques. On y a aussi mesuré un grand potentiel de séquestration du carbone dans les sols et les arbres.
L’idée n’est finalement pas folle. En étant bien conçus et entretenus, les SAI constituent un très bel outil pour atteindre l’objectif de la carboneutralité et s’adapter aux changements climatiques.