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C’est inévitable, tout le monde vieillit. Mais en parler n’est jamais évident. Encore moins lorsqu’il s’agit de ses parents. Pour certains, la retraite est agréable, car la santé est bonne. Mais qu’en est-il des autres, ceux dont on voit les oublis se multiplier, les discours devenir décousus ou encore les états d’humeur changer de façon radicale?
En tant qu’enfant, on ne sait pas comment aborder le sujet avec eux et l’on ne veut surtout pas qu’ils réagissent négativement à nos questionnements. Puis, un jour, ces oublis peuvent se retrouver à la ferme et il devient délicat pour l’enfant d’aider son parent (qui est aussi son patron ou son associé). Mais que peut-on faire concrètement?
« Au début, c’était des petits oublis. Faire boire deux fois les veaux, en oublier un… Il tombait dans la lune, se souvenait plus du passé que du présent », raconte ce fils d’agriculteur. Cette situation est de prime abord banale, jusqu’à ce que les membres de la famille commencent à s’inquiéter plus sérieusement. Lorsque ce producteur a perdu son permis, lui interdire de prendre le volant du tracteur a été terrible. « Il répétait que c’était encore sa ferme, qu’il pouvait encore conduire son tracteur. »
Conseil de famille
Puis, les membres de toute la famille se sont mis à s’interroger sur l’avenir de l’entreprise, mais surtout sur la santé de leur père. Ils ont décidé d’en parler ensemble en faisant un conseil de famille. Après discussion, tous les enfants étaient d’accord pour dire que s’ils le sortaient de ses champs, il allait mourir à petit feu. Il fallait donc tranquillement réduire les travaux plus exigeants en lui laissant faire certaines tâches, mais sans le faire arrêter complètement. En y allant de cette façon, le stress de chacun diminuait et l’angoisse du père aussi.
Heureusement, dans le cas de ce producteur, les membres de la famille ont eu le réflexe d’observer les changements de comportement de leur père et de s’en parler. En étant honnêtes les uns avec les autres, ils ont pu mettre en place des moyens concrets pour aider leur père. « Bien sûr, il ne peut pas tout faire comme avant, mais au moins il peut continuer d’être avec nous et d’exercer sa passion de l’agriculture », raconte l’un des fils du producteur.
Nouvelle routine simplifiée
Rapidement, une visite chez le médecin s’est imposée. Dans le cas de ce producteur, une nouvelle routine simplifiée a été instaurée à la ferme. « Rien de bien compliqué, quelque chose pour l’aider à mieux s’orienter, pour qu’il continue de sentir qu’il a sa place à la ferme, avec nous », mentionne le fils.
Les enfants de l’agriculteur ont opté pour le dialogue : lui faire part de leurs inquiétudes et de leurs peurs sans toutefois le brusquer. Lui parler sur un ton calme, rassurant, sans l’attaquer. De son côté, le producteur a également pris l’engagement de le dire à un proche s’il se sentait mélangé, incapable de faire la tâche ou simplement fatigué. Un autre moyen utilisé a été de lui procurer un cellulaire « juste pour qu’il puisse appeler un [enfant] en tout temps. C’est rassurant pour tout le monde », précise l’un des fils de l’agriculteur.
Le plus difficile quand on vieillit est d’accepter le fait que certaines choses ne seront plus comme avant. Il y a de petits deuils à faire par la personne elle-même et aussi par l’entourage. Chacun doit apprendre « à vivre avec » les pertes physiques ou cognitives et à ne pas avoir peur d’en parler. Des solutions pourront alors émerger. On ne doit pas laisser les craintes prendre toute la place.