Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Certains diront qu’il est impossible d’être retraité de l’agriculture alors que d’autres n’ont pas eu de mal à passer à autre chose. Peu importe le chemin emprunté, il faut être à l’aise avec sa décision quand vient le temps de tourner la page sur sa vie professionnelle. J’ai rencontré M. Albert, un ancien producteur porcin. Il m’a raconté son histoire le plus simplement du monde. Il y a quelques années, il a vendu ses bâtiments et ses animaux, mais il a choisi de conserver ses terres pour pouvoir « s’amuser encore un peu », dit-il en souriant.
« J’ai œuvré à l’usine et j’avais mes cochons en même temps. Dans ce temps-là, pour avoir mes subventions, je devais vivre uniquement de l’agriculture. C’est comme ça que j’ai lâché mon travail et que je me suis consacré à mes terres », raconte fièrement l’homme. Pour Albert, il était évident qu’une fois marié avec des enfants en route, il n’habiterait pas en ville. « J’aspirais à avoir de l’espace et de la nature. Parle-moi pas de vivre sur l’asphalte », me dit-il en riant. Fils de producteur laitier, Albert a acheté sa ferme porcine en 1974. « Je voulais être mon propre patron, être indépendant. » L’agriculture répondait à ses besoins d’homme, de mari et de père de famille.
« J’ai commencé par avoir des bâtiments pour l’engraissement de mes porcs et par la suite, j’ai eu des maternités », se rappelle-t-il. De ses quatre enfants, un seul a étudié en agriculture. « Il y a eu de bonnes années très payantes, puis d’autres, moins bonnes. Je ne me voyais pas lui vendre ça. Mon fils avait déjà un meilleur emploi que ce que la ferme lui aurait offert », affirme-t-il. Il n’en demeure pas moins fier que son garçon vive maintenant de l’agriculture et ait repris la maison familiale sur sa terre.
Bien qu’Albert soit retraité depuis 2015, il est impliqué dans sa municipalité : il fait du bénévolat. Il tond le gazon et fait l’entretien extérieur au centre communautaire.
Il continue de bûcher sur sa terre à bois avec l’un de ses fils. Il s’est racheté une maison et en prend soin. Il est fier de me dire qu’il fait lui-même le ménage, car « ça le garde occupé et en forme ». Il voit aussi à l’entretien de sa pelouse et de ses fleurs. « Les fleurs, c’était à ma femme, précise-t-il, mais je les cultive pour elle, pour la rendre heureuse. » Albert est veuf depuis quelques années, mais n’a pas oublié sa douce pour autant. « Elle a bien élevé les enfants et m’a toujours soutenu dans l’entreprise », se souvient-il.
Pour occuper ses temps libres, Albert se tient au courant de l’actualité en continuant de lire et de suivre le prix du lard, du grain et du maïs. Il aime aller « zieuter » les encans et va régulièrement aux événements agricoles. « J’ai des amis aussi retraités de l’agriculture. Nous rencontrer aux encans ou aux foires nous permet de discuter ensemble du bon vieux temps. C’est toujours plaisant de les revoir et de comparer le secteur de notre époque avec celui d’aujourd’hui. »
Avant de partir, Albert me regarde en souriant : « Dis aux autres retraités qu’ils se reposent, qu’ils prennent du temps pour eux. Ils ont assez travaillé, il est temps de penser un peu à eux avant qu’il soit trop tard. »