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L’année 2018 a été très difficile. L’agriculture a fait régulièrement parler d’elle dans les médias : sécheresse, prix à la baisse, fermeture de marchés, gestion de l’offre menacée, etc. À peu près toutes les productions « y ont goûté », comme on dit. Les facteurs de stress, d’incertitude et d’inquiétude ont été nombreux. En travaillant avec du vivant, vous êtes habitué à l’imprévisibilité. Mais cette année, votre capacité d’adaptation et votre résilience ont été fortement sollicitées.
Tout d’abord, dame Nature vous en a fait voir de toutes les couleurs. L’été 2018 a connu des chaleurs historiques d’un bout à l’autre de la province. Des producteurs nous ont dit n’avoir jamais vu ça en 50 ans. Durant cette période, chaque goutte de pluie valait de l’or. Qui aurait pu prédire qu’après les vagues de chaleur et la sécheresse, on verrait des sols en surplus d’eau en octobre? Les fenêtres de temps pour terminer les récoltes au sec ont été très courtes, ce qui a conduit certains d’entre vous à travailler sans arrêt durant des périodes de 24 heures. Le grand froid a été précoce. Un agriculteur, qui avait gardé son sens de l’humour, nous a dit avoir récolté du foin gastronomique : le « foin de glace »!
Comme si les caprices de dame Nature ne suffisaient pas à créer de l’incertitude, les nerfs des producteurs sous gestion de l’offre ont été mis à rude épreuve lors des négociations de l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC). Maints agriculteurs et agricultrices ont été déçus, frustrés et déstabilisés par la nouvelle entente. Plusieurs se sont même sentis trahis ou abandonnés. Des producteurs et des productrices de lait de chèvre ont aussi lancé un cri du cœur devant la menace de perdre leurs marchés. Les éleveurs de porcs n’ont pas été épargnés non plus. Ils ont entre autres fait les frais des mesures protectionnistes et des guerres commerciales de M. Trump. Les éleveurs fortement touchés par la chute du prix du porc ont eu la triste impression de reculer des décennies en arrière. Certains ont même trouvé que les projecteurs étaient un peu trop sur les producteurs de lait et se sont sentis laissés pour compte.
En résumé, vous avez été nombreux à connaître des moments difficiles. C’est normal d’éprouver du stress en ces occasions et celui-ci se délecte des éléments incontrôlables et imprévisibles. Toutefois, il est bon de se rappeler qu’on a souvent des ressources insoupçonnées pour traverser les épreuves. Mais tout être humain a ses limites. Parfois, on a juste envie de dire : « N’en jetez plus, la cour est pleine. » Si votre cour déborde, qu’il vous faut faire un bon ménage dans votre vie, que vous ne savez plus quelles décisions prendre, que vous avez de la difficulté à dormir, que le moindre irritant vous fait exploser, n’hésitez pas à aller chercher des conseils ou de l’aide. Un regard extérieur peut être très bénéfique pour y voir plus clair.
Et si, en cette fin d’année, on devenait plus solidaires? On réclame un appui de la population et des gouvernements, mais si on commençait par se soutenir soi-même? Qu’est-ce que les vaches font lorsqu’il y a un orage? Devant l’adversité, elles se regroupent toutes ensemble, sans aucune distinction entre elles. Dernièrement, les agriculteurs et agricultrices de diverses productions qui ont marché avec des consommateurs pour la défense de notre avenir alimentaire ont ressenti les bienfaits de la solidarité. Ça fait un grand bien à l’âme de ne pas se sentir seul.