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À toi, mon amie. On se connaît depuis combien de temps, déjà? On en a fait, des niaiseries, ensemble, mais on a surtout eu le privilège d’avoir tissé des racines profondes au fil de nos confidences et de nos présences, dans le beau comme dans le mauvais de nos vies. On a ri, souvent; on a pleuré, de temps en temps; on a aussi bu du vin, de la bière, un peu; tout ça en se racontant nos histoires de cœur et nos partys. Tu étais la famille que j’avais choisie. L’épaule sur laquelle je pouvais poser ma tête, sans me sentir jugée.
J’ai toujours cru que notre amitié allait résister à l’épreuve du temps. Je dois t’avouer que jamais je n’aurais pu deviner que mon mode de vie en viendrait à bout. Je sais que notre relation a été sous respirateur artificiel dans les derniers temps, et que doucement, la plug a été tirée. L’agriculture, le rythme effréné de presque trois saisons sur quatre, les imprévus, les bad lucks, les annulations de dernière minute, les arrivées quand le souper est presque fini, la distance entre mon fond de rang et votre banlieue… Bref, j’comprends qu’à la longue, une amitié s’essouffle.
Ce n’est pas une séparation en mauvais termes. Pourtant, je dois t’avouer que ça commençait à m’affecter de voir les photos que tu partageais sur les réseaux sociaux, de voir le temps de qualité que tu avais, les moyens financiers que tu avais. Ça me rendait un peu envieuse, ça me faisait voir ce que je n’ai pas… Comme tu sais, dans mon métier, j’le paie en « maudit » si je décide de me coucher plus tard, de boire un verre de trop, sans compter de devoir trouver quelqu’un pour me remplacer, et ça, c’est quand j’ai la chance de pouvoir en trouver.
Le fait que j’ai eu de la difficulté à intégrer mon partenaire dans notre amitié a aussi joué. Que veux-tu? Il est allergique à la ville, il ne fitte juste pas… Rien pour m’aider à ne pas me sentir tiraillée.
Je t’aime, mon amie. Si tu savais à quel point notre éloignement me chagrine. J’ai peur de ne pas retrouver une amitié aussi précieuse, intense et vraie que celle qu’on a vécue. J’aurais envie de vouloir réparer, essayer plus fort encore, mais j’ai comme l’impression que tout le duct tape et tous les tie-wraps du monde auraient de la difficulté à colmater ce genre de déchirures. J’te garde une place bien précieuse dans mon cœur et je caresse tout de même l’espoir que ce break amical ne soit que temporaire. Que l’agriculture, ma passion, mon métier, n’aura pas le dessus une fois de plus sur quelque chose dans ma vie. N’oublie jamais que même si la vie nous sépare, tu peux toujours m’appeler en pleine nuit si t’es mal prise! De toute façon, le milieu de la nuit n’est pas si loin de mon heure de lever!
Il est normal que des relations d’amitié évoluent en passant à l’âge adulte, celui des responsabilités et des différentes trajectoires de vie. Si certaines amitiés se terminent abruptement à la suite d’un conflit, d’autres sont juste victimes d’un changement de vie et d’un éloignement non intentionnel. Cependant, si on tient à ce qu’elles résistent à l’épreuve du temps, il faut un minimum d’entretien avec quelques ingrédients essentiels. Parmi ceux-ci, on retrouve la réciprocité dans l’engagement et le soutien, l’équité dans le temps consacré, le respect de nos différents modes de vie et la communication de nos inconforts. Si vous souffrez de la fin d’une relation d’amitié, n’hésitez pas à en parler ou à consulter une travailleuse de rang.
Besoin d’aide?
Si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Pour l’aide d’un travailleur de rang, contactez le 450 768-6995 ou par courriel [email protected].