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En cette semaine nationale de prévention du suicide, qui a pour slogan « Mieux vaut prévenir que mourir », je vais aborder cette thématique assez sensible que je porte en moi depuis plusieurs années.
Effectivement, la mort par suicide s’est présentée sans prévenir, sans crier gare, lorsque mon père a décidé de s’arracher la vie et de quitter son corps de chair un 10 septembre, journée mondiale de prévention du suicide, ce qu’il ne savait pas. Coup de théâtre très parlant et dévastateur qui a résonné dans la communauté agricole tel un coup de cloche ultime et symbolique rappelant de prendre soin de soi et de sa santé, avant d’en arriver à ce point.
Et qu’en est-il de ceux qui restent? Qu’en est-il du fils à son père et de sa famille qui doivent continuer à vivre à la suite de cet événement tragique? Qu’en est-il de tous ces êtres qui doivent vivre avec la peine, la colère et le deuil de cette personne qu’ils aimaient tant et qu’ils auraient tant voulu pouvoir aimer plus? Je ne crois pas avoir besoin de vous dire à quel point j’étais déchiré ni dans quelle mesure tout mon monde venait, en un instant, de s’écrouler. On en a déjà entendu parler, mais ça n’a rien à voir avec la réalité. Là, c’était bien réel. J’ai passé par toutes sortes d’émotions, tant par l’incompréhension totale que le déni, ou une colère gigantesque qui ne cachait qu’une tristesse immense. J’ai vécu des épisodes de dépression, de « mais si j’avais fait ça, peut-être que cela aurait tout changé! » ou de « j’aurais donc dû le voir venir. J’aurais dû le voir venir… » pour finir par des épisodes de moi aussi voulant mourir.
C’est là où j’ai compris que le fait de vouloir mourir n’était pas vraiment que je voulais mourir, mais que je voulais que la souffrance meure en moi. J’avais alors un choix devant moi. Mourir littéralement en tuant cette souffrance en moi, mais en emportant aussi tous mes rêves, en perdant tous les gens que j’aimais et ma vie. Ou alors, surpasser mon ego qui me disait que je n’avais besoin ni de personne, ni de consulter, ni d’aide pour guérir cette souffrance. Comme vous vous en doutez, puisque vous êtes en train de lire ces mots, j’ai choisi la vie. J’ai fait le choix de me choisir en me tournant vers un ami de confiance qui m’a référé à de l’aide pour prendre soin de cette souffrance et de ce deuil douloureux que je portais en moi.
Aujourd’hui, je suis heureux. La vie continue de m’envoyer des défis et des événements difficiles. Chaque jour, je continue de choisir la vie et quand j’en ressens le besoin, je me tourne vers des amis ou des personnes qui m’accompagnent. Il a fallu que je vive tous ces raz-de-marée pour comprendre que le deuil et le deuil par suicide sont comme des vagues qui frappent notre navire de plein fouet. Au début, c’est chaque jour. Puis, plus le temps avance, plus les tempêtes se font rares, et plus il y a de journées ensoleillées entre les jours de tempête.
Donc, si comme moi, il y a des choses en vous qui veulent mourir, ou que vous êtes l’un de ceux à rester après une tragédie comme celle-là, tournez-vous vers la vie. Il existe des ressources comme les centres de prévention du suicide au 1 866 APPELLE, une travailleuse ou un travailleur de rang au 450 768-6995, ou maintenant le nouveau numéro fédéral qui est le 988. Car entre vous et moi, il vaut mieux prévenir que mourir.
Besoin d’aide?
Si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Pour l’aide d’un travailleur de rang, contactez le 450 768-6995 ou par courriel [email protected].