À coeur ouvert 3 janvier 2025

Planifier son décès pour éviter les conflits – 2e partie

Nous amorçons 2025 en poursuivant, à l’aide d’une situation concrète, notre réflexion sur l’importance d’une planification claire de ses dernières volontés. 

Dans le cadre de notre pratique, nous constatons régulièrement les dérives induites par le fait de ne pas planifier ni informer ses proches des détails pécuniaires et administratifs entourant son décès. Prenons le cas de Mathieu, fils de producteurs et relève agricole. Ce dernier vivait un conflit avec ses parents Jean et Pauline, car ceux-ci voulaient lui léguer leurs parts de l’entreprise et léguer à leur autre fils Thomas le montant de leur
assurance-vie. Jean et Pauline, persuadés d’être équitables, n’avaient pas pris le temps de discuter avec leurs enfants au sujet de leurs intentions lorsqu’ils ont rédigé leur testament. Mathieu a vite crié à l’injustice quand il a appris les volontés de ses parents. Selon sa perception, il devait travailler toute sa vie pour pouvoir bénéficier de son « héritage » familial, alors que son frère n’aurait simplement qu’à récolter, sans le moindre effort. 

Une telle situation aurait pu être évitée si Jean et Pauline avaient bénéficié de l’accompagnement professionnel d’une conseillère ou d’un conseiller en transfert d’entreprise, qui aurait abordé avec eux la question de la répartition des biens et l’équité entre les enfants. Ainsi, leurs réflexions auraient pu être alimentées différemment, rendant la prise de décisions plus éclairée et assumée. 

Dans les différents scénarios possibles, Jean et Pauline pourraient maintenir leur décision de léguer leurs parts à Mathieu et le montant de leur assurance-vie à Thomas. Ils pourraient aussi choisir de répartir leurs biens de façon égale entre leurs deux fils, indépendamment duquel des deux s’implique à la ferme. Une autre possibilité pour eux serait de répartir leurs biens en fonction des besoins de leurs fils. Par exemple, le couple pourrait décider de léguer leur maison à Mathieu, qui habite avec eux et qui travaille à la ferme située derrière la maison. Thomas, de son côté, est déjà établi avec sa conjointe dans le village voisin, alors la maison familiale ne lui serait pas vraiment utile. Les parents pourraient également choisir avec leurs enfants la façon de diviser leurs biens à leur décès. Mathieu et Thomas n’ont probablement pas le même degré d’attachement envers la maison familiale, les terres, les animaux, le chalet, etc. Cette façon de faire, lorsqu’elle est possible, assure une meilleure satisfaction de tous, puisque chacun exprime ses envies et ses besoins. Ces éléments sont colligés dans le testament par la suite. Il n’y a de surprises pour personne. 

En somme, il faut retenir qu’aucun scénario n’est applicable à toutes les situations et qu’il n’existe aucune garantie assurant l’absence de tensions ou de conflits lors de votre décès.

En revanche, plusieurs choses peuvent être appliquées en prévention, notamment le fait de consacrer suffisamment de temps à la démarche et de miser sur des discussions franches et transparentes. En effet, selon des chercheurs du Groupe de recherche sur le transfert, la gestion et l’établissement en agriculture (Traget Laval), « les recherches sur le partage du patrimoine dans les entreprises familiales démontrent que ce n’est pas l’atteinte du consensus autour du résultat du partage des biens qui est importante, mais bien la manière dont les membres de la famille s’y sont pris pour en arriver là : plus justes et transparents sont le processus et les règles de procédures conduisant au partage, plus le résultat est psychologiquement acceptable ».

Comme travailleuses de rang, nous sommes parfaitement au courant du bagage émotif lié au patrimoine, de la volonté de satisfaire tout le monde et, surtout, de faire au mieux. C’est normal et naturel. Toutefois, ce qu’il faut retenir, c’est qu’en adressant ces enjeux, et toutes les émotions qui viennent avec, on peut arriver à se sortir du brouillard. Et à ce moment, vous pourrez vraiment dire que vous partirez l’esprit tranquille!   


Besoin d’aide?

Si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Pour l’aide d’un travailleur de rang, contactez le 450 768-6995 ou par courriel [email protected]