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Les derniers mois ont mis à rude épreuve la capacité d’adaptation des éleveurs de porcs. Même si plusieurs disent avoir une
« bonne carapace » et qu’ils en ont vu d’autres, les crises en agriculture ont souvent des effets collatéraux sur les humains derrière la production. « Je sens que l’éponge se remplit », nous a déclaré un producteur devant les annonces printanières négatives.
On a vu poindre le sentiment d’être abandonné par les décideurs, des sentiments d’impuissance ou de résignation devant le peu de contrôle sur les événements et des remises en question sur leur futur d’éleveur. Ce qui nous inquiète le plus, c’est d’entendre un éleveur dire qu’il n’a plus rien à gagner… ou à perdre. Rappelons que personne n’est à l’abri d’un moment de détresse. Les travailleuses et travailleurs de rang sont là pour accompagner, gratuitement et de façon confidentielle, les producteurs qui traversent des périodes plus difficiles. Rappelons également que c’est le temps d’une solidarité entre éleveurs, quel que soit le modèle d’affaires.
Lise, productrice porcine en intégration, est en période de transition avec son fils. Transfert de pouvoir, de tâches, de responsabilités. L’année a été dure pour eux. Lise reconnaît que dans cette période tumultueuse, le gouvernement a instauré « un excellent modèle de soutien des agriculteurs avec La Financière agricole du Québec ». Toutefois, nous écrit-elle, « dans l’application des programmes, on se heurte à des murs bureaucratiques qui sont parfois plus décourageants que la crise elle-même ». Elle déplore notamment plusieurs situations vécues avec des fonctionnaires de la Financière. « Nous faisons face à une rigidité des programmes qui les rend inaccessibles, même dans la période de crise porcine que nous traversons. » Lise se sent doublement lésée parce qu’on ne reconnaît pas son fils comme une relève.
« Pourquoi? Parce que pour pouvoir passer à travers la crise et le transfert de ferme, il est allé chercher des revenus en travaillant à forfait à l’extérieur de la ferme (mais avec les équipements de notre ferme). Pourtant, c’est mon unique relève et il ne peut être plus présent à la ferme qu’il ne l’est présentement. C’est simplement le moyen trouvé pour permettre à notre entreprise de traverser des années plus difficiles. »
Bien sûr, les programmes ont besoin de balises. Cependant, au cours de mes enquêtes sur la santé psychologique des agriculteurs depuis 2005, les tracasseries administratives constituent un facteur récurrent de stress. Néanmoins, je ne pense pas que les fonctionnaires se lèvent le matin en se disant qu’ils vont faire ch* les producteurs. Peut-être aimeraient-ils faire davantage preuve d’empathie, de flexibilité? J’aimerais y croire. Peut-être ont-ils peur de se faire taper sur les doigts en cas d’initiative?
Toute cette lourdeur n’est pas spécifique au Québec. Un récent rapport à la demande du premier ministre de la France recommande de « former les agents publics et les conseillers à l’accueil et à l’écoute personnalisés des agriculteurs pour traiter les situations difficiles ». C’est très bien, mais j’ajouterais : encore faut-il que ces fonctionnaires aient une certaine « latitude décisionnelle ». Pourrait-il être permis, comme le mentionne Lise, « que dans des circonstances exceptionnelles, les gens de pouvoir permettent aux institutions d’agir en faisant preuve de souplesse, en permettant des dérogations mineures aux programmes pour permettre à nos entreprises qui ont la chance d’avoir une relève de devenir les agriculteurs de demain et d’occuper nos campagnes »?
On ne peut pas changer le contexte mondial. Nous soutenons nos agriculteurs en difficulté en les accompagnant avec des services comme les travailleurs de rang. Nous pouvons également espérer davantage d’humanité au cours de périodes plus déstabilisantes pour les producteurs et productrices agricoles.
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