Le changement, un gros mot qui fait peur à bien du monde, surtout quand cela implique de commencer par soi-même. Or, parmi les multiples façons d’anticiper un changement, il y a la victimisation. On se place alors dans ce rôle, de façon plus ou moins consciente, afin de se déresponsabiliser et de se faire plaindre. Vous en connaissez sûrement de ces « victimes » : tout est continuellement de la faute des autres. Elles ont problèmes après problèmes et toujours un bon coupable! D’ailleurs, certaines personnes sont de véritables maîtres d’art en la matière! Puis, des fois, qu’on le veuille ou non, cette personne, c’est nous.

Si, partout où tu vas, ça sent la merde, c’est peut-être que c’est toi qui pues!

C’est tout à fait normal d’avoir des bouts difficiles, et légitime d’en parler. On encourage même cela. Toutefois, pour certaines personnes, l’action de se responsabiliser leur glisse dessus comme l’eau sur le dos d’un canard. Mais saviez-vous qu’on ne peut jamais se déresponsabiliser à 100 % d’une relation et d’un problème? Deux questions qui tuent : « En quoi suis-je responsable de ce que je vis? En quoi ai-je contribué au problème? » Ce qui demande un certain degré de maturité, parce que la réponse ne nous est pas toujours favorable. Un agriculteur m’a dit cette phrase dont je vais me souvenir toute ma vie : « Si, partout où tu vas, ça sent la merde, c’est peut-être que c’est toi qui pues! » 

Bien oui, c’est toujours plus facile d’accuser tout le temps tout le monde. Cependant, il faut savoir se regarder le nombril, même si ça nous confronte, parce qu’on ressent peut-être des émotions comme la honte ou la colère liées à nos comportements. Un des outils que nous utilisons avec les rois et reines de la victimisation est le triangle dramatique de Karpman (allez « googler »). En effet, il arrive fréquemment que ce roi ou cette reine soient dans une dynamique (dans le triangle) avec un « sauveur » et un « persécuteur ». Chacune de ces personnes retire des bénéfices de son rôle respectif. Le « sauveur », c’est la personne qui se valorise en allant au-devant des besoins de l’autre. Elle n’a donc pas intérêt à stimuler les capacités de la « victime » et à l’encourager à se responsabiliser. Le « persécuteur », c’est celui qui rabaisse l’autre, le critique, l’accuse et même l’humilie. Finalement, la « victime », c’est celle qui se rabaisse, qui ne veut pas reconnaître ses responsabilités, ni faire les efforts de changement. Elle se plaint sans cesse de ce qu’on lui fait subir. Elle attire ainsi la compassion, l’attention et même la pitié. Elle se sent impuissante : « Quoi que je fasse, elle est toujours sur mon dos. » « Je ne peux rien faire de plus, anyway, y’est jamais content. » 

Si vous vous retrouvez dans un triangle de Karpman, n’oubliez pas que le but est d’en prendre conscience et d’en sortir, au « PC » (le plus rapidement possible). Mais comment? Déjà, il faut se regarder le nombril et accepter nos parts de responsabilité. Le changement, c’est dur, mais si nous n’avons pas de contrôle sur les autres, nous en avons sur nous-mêmes. La première étape pour les « victimes » : prendre conscience de la tendance à toujours se plaindre et assumer progressivement ses responsabilités plutôt que d’attendre qu’un sauveur les prenne en main. Pour les sauveurs : aider, ce n’est pas ­sauver ou tout faire à la place de l’autre. Pour les persécuteurs : se calmer le pompon et apprendre de nouveaux modes de communication. 

Les personnes qui font partie du problème peuvent finir la lecture de cette chronique en continuant de croire que tout est de la faute des autres. C’est vrai qu’il peut être difficile de sortir de ce rôle et d’analyser sa situation de façon objective. Si vous avez besoin d’aide, appelez les travailleuses de rang ou un autre professionnel des relations humaines.


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