À coeur ouvert 22 novembre 2024

La reconnaissance, une nouvelle variété de fruits à cultiver

« Faut être faits forts pour travailler en agriculture » est une phrase que j’entends souvent. C’est vrai qu’en travaillant à ciel ouvert, on subit les humeurs de dame Nature. On dirait même qu’elle pique des colères plus souvent qu’avant. Je vous présente un couple de producteurs maraîchers qui a entrepris des changements pour vivre plus sainement de leur production agricole. 

Simon et Alice cultivent des fruits et légumes avec passion et persévérance depuis 12 ans. Ils racontent les aléas de leur production. « Des années, il y en a eu des plus dures que d’autres, c’est sûr. On a vu nos récoltes abîmées par des pluies torrentielles, de la grêle ou du gel. On a ragé parce que de l’équipement se brisait au moment où on en avait le plus besoin. La difficulté de trouver de la main-d’œuvre fiable au départ, on n’en parle pas! Franchement, il n’y a pas une année où il n’y a pas eu de quoi de gros. C’est épuisant à la longue. » 

C’est vrai qu’en agriculture, on prend des risques importants, on a des enjeux financiers énormes et peu de contrôle sur certains leviers de réussite. Beaucoup de temps et d’argent sont investis sans savoir comment la saison sera. « Même si on est un bon joueur, ça reste qu’il nous manque des cartes dans notre jeu. Est-ce que la météo sera de notre bord? Est-ce que le prix sera bon au moment de vendre? Et si nous faisions de mauvais investissements? On se pose toujours mille et une questions », affirme Simon. 

Avec eux, nous avons évoqué ces choses sur lesquelles ils n’ont pas de contrôle et qui leur créent néanmoins beaucoup de stress.

Lorsqu’on a le nez trop collé sur l’arbre, il arrive qu’on ne voie plus la forêt. On n’a plus la vue d’ensemble pour prendre les meilleures décisions.

Nous avons réfléchi à toutes les cartes qu’ils ont entre leurs mains et avec lesquelles ils peuvent agir. C’est sûr que ce n’est pas facile de prendre des décisions éclairées lorsqu’on est « stressés à l’os ». Cependant, avec un peu de recul, on peut se concentrer sur les choix que nous pouvons faire et qui auront un impact positif. D’ailleurs, Alice a pu nommer un effet positif d’un de leurs choix. « Avoir investi dans nos employés pour qu’ils se sentent vraiment bien chez nous, ça nous a sauvés. Ils sont motivés à revenir année après année. On peut compter sur eux et sur les compétences qu’ils ont développées ici. » Quant à Simon, il voit maintenant comme un beau défi de devoir composer avec des éléments sur lesquels il n’a pas le contrôle et d’autres qu’il peut maîtriser. « Ce que je retiens, c’est qu’en se concentrant sur ce que l’on peut faire, ça aide à avancer. En plus, ça remonte le moral, car on se rend compte qu’il y a quand même des choses sur lesquelles on a de l’impact. »

Finalement, Alice et Simon ont réalisé que bien souvent, en se sentant submergés, ils n’arrivaient plus à voir ni les grandes ni les petites victoires quotidiennes. Ils ont donc décidé de cultiver une nouvelle variété de fruits : la reconnaissance. Simon explique : « Malgré tous les imprévus, nous sommes encore ici aujourd’hui, on s’entend super bien et on aime notre métier, c’est déjà beaucoup. Avec Alice, on a choisi depuis quelques mois de souligner ensemble, chaque semaine, les choses qui ont bien été. »

Je vous laisse sur cette conclusion d’Alice. « Avant, on fixait notre regard seulement sur ce qui n’allait pas. Aujourd’hui, on essaie de voir aussi les choses qui vont bien, même petites. Ça ne changera pas les taux d’intérêt de se réjouir que nos fraises ont bien fleuri, c’est vrai. Pourtant, j’aurai eu le sourire toute la journée, parce que c’est déjà un super cadeau de dame Nature. »  


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