À coeur ouvert 26 février 2024

La ferme, un univers idéal pour le développement de l’enfant

Nous vivons à une époque des plus exigeantes pour les enfants. Elle sollicite considérablement leurs capacités d’adaptation. Bien souvent, nous oublions l’effet positif sur leur développement affectif, social, cognitif, sensoriel et moteur de naître et d’évoluer en milieu agricole. Je vous invite dans ­l’univers de Zoé, 14 ans, qui vit dans une ferme laitière en Beauce, et de Zak, 13 ans, qui habite au village.

Zoé connaît déjà son avenir professionnel. Elle sera la troisième génération de la ferme familiale. C’est une rêveuse, mais les deux pieds bien ancrés au sol. Dès l’obtention de son diplôme de cinquième secondaire, elle étudiera en production animale à Saint-Hyacinthe. Les vaches, c’est sa passion! Elle les observe, comprend leurs modes de communication et aime bien les dorloter. Les bêtes lui rendent bien ses petites attentions. Ses parents sont bien fiers d’elle et ne ratent pas une occasion de l’encourager à persévérer dans ses projets. Son frère espère qu’ils reprendront tous les deux la ferme familiale et qu’ils la développeront au fil des ans.

Pour sa part, Zak a une passion, une fixation, devrais-je dire, pour son téléphone intelligent. Zak éprouve de la difficulté sur le plan de la socialisation. Il a tendance à s’isoler dans sa chambre. Son réseau social est peu développé. Il passe une partie de ses journées « scotché » à son appareil. Il est en conflit avec ses parents parce qu’il refuse de contribuer aux tâches quotidiennes. Il vit de nuit et est en échec scolaire. Régulièrement, il leur demande de l’argent. Lorsqu’ils refusent, c’est la crise! Ses parents pensent qu’il souffre de phobie sociale. Ils ont remarqué que la pandémie a contribué à son isolement social. Ils sont à bout de ressources. Ils travaillent à temps plein et leur vie est une course à relais. Ils sont conscients qu’ils manquent de temps pour bien encadrer leur fils et assumer adéquatement leur rôle de parents.

Les études scientifiques démontrent que l’environnement où l’enfant évolue est un facteur important pour son développement. Nul doute que le milieu agricole favorise un encadrement de l’enfant en raison de la proximité avec le lieu de travail.

À titre d’exemple, dès son tout jeune âge, la mère de Zoé l’installait dans le porte-bébé et hop sur son dos, direction de l’étable. Zoé s’émerveillait du beuglement des vaches et de la beauté des petits veaux. Son langage, elle l’a développé à la ferme. Les premiers mots qu’elle a prononcés, après « papa » ou « maman », ont été : vache, minou, danger, pelle, câlin, bébé veau. Elle a appris à marcher dans l’allée de l’étable. À trois ans et demi, elle savait compter le nombre de vaches et elle pouvait nommer la couleur de chacune. À l’âge de quatre ans, elle développait sa motricité en aidant (imitant) son père à distribuer la moulée aux bêtes avec sa petite pelle. Comme son père était ­copropriétaire avec ses deux frères, des cousins et cousines se sont ajoutés au clan. Zoé conserve de très bons souvenirs de leurs jeux près de la rivière et des balades à vélo sur le 9e Rang. Toute jeune, elle a appris à gérer ses différends avec ses cousines et cousins. Depuis quelques mois, elle a démarré une petite entreprise d’élevage de lapins. Avec l’aide de sa mère, elle a élaboré un plan d’affaires : achat des cages, des lapins, estimation des coûts de la moulée pour la prochaine année et prévision des revenus.

Par cette chronique, j’ai voulu mettre en lumière que le milieu agricole, malgré tous ses défis, contribue à la construction d’adultes polyvalents, responsables, débrouillards et possédant les ressources pour contribuer à bâtir un Québec plus fort.  


Besoin d’aide?

Si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Pour l’aide d’un travailleur de rang, contactez le 450 768-6995 ou par courriel [email protected].