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Ceux qui me connaissent bien savent que mon cerveau est souvent en ébullition. Mes proches me disent fréquemment :
« Alexandra, donne des vacances à ton cerveau! Tu penses trop! » Que voulez-vous, le monde agricole me passionne. Même en dehors de mes heures de travail, je pense parfois aux familles que j’aide et qui traversent des moments difficiles. Il m’arrive de me dire que certaines misères étaient évitables. Vous aurez compris que mon rôle de travailleuse de rang est bien plus « qu’une job ».
Je voulais vous raconter deux histoires dans lesquelles vous pourriez vous reconnaître.
Jason et Jean-Félix (JF) sont deux amis de longue date. Dès leur jeune âge, ils ont contribué aux travaux de la ferme laitière de leurs parents. En 1995, ils ont suivi leur cours à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe. À la fin de leurs études, ils ont travaillé à la ferme familiale dans l’espoir de poursuivre la tradition familiale et d’assurer la relève. Jason aspirait à être la 5e génération et JF, la 3e. En 2008, ils en deviennent propriétaires. Leurs fermes sont de taille moyenne. À l’occasion, ils font une virée entre chums de gars. Au fil des mois, ils remarquent que Jason a pris une distance de la « gang ».
Les années ont passé et, récemment, les deux amis d’enfance se sont croisés à un salon agricole. JF était en compagnie de ses « ados », le dépassant d’une tête, et de sa conjointe Mireille. Il était fier de présenter sa douce et ses fils à Jason. Assis autour d’une bière, JF raconte à son ami qu’il a modernisé sa ferme : robot de traite, vaches plus productives, au pâturage l’été, etc. Cependant, il a maintenu la même dimension de bâtiment. Sa conjointe et lui avaient la même vision : que leur ferme ne devienne pas le centre de leur univers. JF et Mireille ont fait des voyages et ils ont accompagné leurs fils dans des activités sportives. Ils ont embauché de la main-d’œuvre pour prendre des vacances et investir dans leurs vies personnelles et de couple. Encore aujourd’hui, ils sont en amour, c’est perceptible juste à l’entendre parler.
Jason, la tête baissée et le regard fuyant, confie : « JF, j’ai l’impression d’avoir raté ma vie. Pendant des années, j’étais convaincu que ma femme avait trop d’attentes envers moi. Elle s’occupait des enfants et moi, je m’investissais à fond dans l’entreprise. J’ai triplé mon troupeau laitier, acheté des terres que j’ai transformées en grandes cultures, exploité l’érablière. Je compte une dizaine d’employés en haute saison. » Les yeux dans l’eau et la voix tremblante, il ajoute : « Ma femme m’a quitté l’an dernier et mes enfants ne veulent plus me parler. La dernière chicane avec eux traduisait le mépris qu’ils ont pour moi. Crois-moi, ça fait mal en chien. Malheureusement, ma ferme n’aura pas de 6e génération… En apparence, ma ferme est florissante. Aux yeux des autres, j’ai réussi ‘‘dans’’ la vie. Mais moi, je pense que je n’ai pas réussi ‘‘ma’’ vie. Certains jours, j’ai des idées noires… Je sais plus où je m’en vais. »
Les histoires comme Jason sont nombreuses, malheureusement. Nous vivons dans une époque de réussite et de performance. Bien souvent, le « paraître » prend l’avant-plan et « l’être » est peu valorisé. Les valeurs de compétition et d’avancement passent avant tout, et parfois, peu importe le coût humain à payer. Mais il ne devrait pas en être ainsi. Au bout du compte, bien des producteurs et productrices agricoles se réveillent un bon matin en crise d’anxiété, irritables et endettés. Les signaux d’alarme étaient là, souvent, mais ils ont été ignorés ou banalisés. Si vous êtes confrontés au chaos et au brouillard, une travailleuse de rang, ou une autre ressource professionnelle peut vous aider. Une aide externe détient les compétences et l’expérience pour vous accompagner dans votre processus de changement et vous permettre de reprendre le contrôle de votre vie.
Soumettez votre témoignage en toute confidentialité :
[email protected] ou 1 877 679-7809
555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100
Longueuil (Québec) J4H 3Y9
Pour une aide d’urgence : 1 866 APPELLE (277-3553).
Pour l’aide d’un travailleur de rang : 450 768-6995.