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On lit souvent que les agriculteurs sont de plus en plus isolés. Pourtant, avec tous les réseaux sociaux permettant de réduire les distances et de communiquer avec des agriculteurs de partout, on serait porté à croire le contraire.
Lorsqu’on les questionne sur le sujet, les producteurs ne répondent pas tout de suite qu’ils sont isolés, mais ils sont nombreux à avoir la nostalgie de l’époque où il y avait 6, 7 ou 8 fermes dans le rang, où ils faisaient des clôtures ensemble et jasaient avec leurs voisins. Souvent seuls maintenant dans leur rang, ils décrivent une autre réalité, basée sur la performance et l’efficacité, où les individus n’ont plus le temps de se parler et de s’écouter.
La convivialité de l’époque où l’on devait se mettre à plusieurs pour faire les travaux est regrettée. Déjà, en 2006, un agriculteur nous décrivait cette nouvelle réalité changeante avec l’augmentation de la taille des fermes, la spécialisation, la mécanisation et la robotisation : « Il fut un temps où les cultivateurs jasaient le long des clôtures en travaillant. Aujourd’hui, nous sommes enfermés dans nos cabines de tracteur et la terre du voisin nous appartient, alors que l’autre voisin n’est plus en agriculture! »
On évoque aussi la disparition de plusieurs lieux de rassemblement qui permettaient des rencontres et des temps de pause. Les rendez-vous agricoles, qui ont disparu au fil du temps (journées champêtres, expositions régionales, jugement d’animaux à Expo Québec), rappellent à plusieurs de très bons moments. Plus de 30 ans plus tard, des enfants d’alors devenus des producteurs d’aujourd’hui se remémorent les journées champêtres passées en famille à se régaler de Revello à volonté…
Et vous, croyez-vous que l’isolement augmente en agriculture?
Q. Je ne suis pas trop stressé de nature, mais depuis que je me suis associé avec mon garçon, je trouve que c’est beaucoup plus stressant. Je me chicane souvent avec lui. Je trouve que les jeunes aujourd’hui ne pensent qu’aux congés. Qu’est-ce qu’on fait quand on n’a pas les mêmes idées et les mêmes priorités?
R. C’est normal de ne pas avoir toujours les mêmes idées que notre associé. C’est peut-être plus difficile à accepter quand c’est notre garçon. C’est un gros changement de passer du statut de père, seul capitaine du bateau pendant des années, à celui de père et associé, qui doit partager le volant. Le changement, c’est stressant. Les conflits aussi.
Plusieurs jeunes veulent être moins « prisonniers » de la vie à la ferme que leurs parents. Ça ne veut pas dire qu’ils ont moins à cœur l’entreprise, mais ils ne veulent pas que leur vie soit centrée uniquement sur la ferme et le travail. Ils visent un meilleur équilibre dans leur vie. Les responsabilités familiales des hommes ont également changé. Il y en a de plus en plus qui vont reconduire et chercher les enfants à la garderie parce que la conjointe travaille à l’extérieur. Vous devriez avoir une bonne discussion père-fils sur les changements dans la société, la conciliation travail-famille ou travail-vie personnelle à laquelle aspirent plusieurs jeunes. Vous pourriez aussi vous faire accompagner par une personne neutre si ça suscite trop de conflits entre vous.
Par contre, ça ne veut pas dire de devenir esclave de votre relève. Les enfants ne peuvent se fier constamment à leurs parents. Vous devez établir des limites claires quant à vos disponibilités (à l’aide, par exemple, d’un tableau). C’est un contrat à mettre en place entre vous et votre relève.