Actualités 6 octobre 2014

Votre utilisation de la herse est-elle optimale?

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Effectuer la préparation du sol avec la herse est une tâche assez facile; plusieurs producteurs y prennent même plaisir! Mais de l’avis de l’ingénieur et agronome Georges Lamarre, la herse est parfois utilisée de façon inadéquate. Voici ses conseils.

1- Pas trop creux!

« L’une des erreurs les plus fréquentes est sans contredit un travail trop profond. Règle générale, les vibroculteurs et cultivateurs doivent travailler à une profondeur de 5 cm. Or, chaque année j’observe dans plusieurs champs que la préparation du sol a été effectuée à 10 cm et plus. Conséquence : les producteurs travaillent dans la couche de terre fraîche, créant ainsi de nombreuses mottes. Et n’allez pas croire que des passages supplémentaires vont les défragmenter : après seulement quelques heures au soleil, ces mottes ressemblent à du ciment. » M. Lamarre mentionne qu’un travail en profondeur crée, de surcroît, des conditions nuisibles à la germination. D’une part, le fait de travailler sous le lit de semence l’assèche; d’autre part, il se forme de petites poches d’air. Le contact sol-semence étant moins efficace, la levée se fait de façon inégale. Bien que le maïs et les céréales soient particulièrement sensibles au phénomène de poches d’air, toutes les cultures peuvent en être affectées : advenant une série d’averses après les semis, l’eau remplace les poches d’air, un contexte favorable à la pourriture. En résumé, et foi de Georges Lamarre, il ne sert à rien d’ajuster la herse trop profondément, même si la profondeur des labours est particulièrement inconstante. « Contentez-vous simplement, au premier passage, d’étêter les labours. Ensuite, au deuxième passage, conservez toujours la même profondeur de 5 cm. L’appareil travaillant sur un terrain plus égal, il produira de façon assez uniforme un bon lit de semence.

En ce qui concerne la vitesse, un rythme trop rapide engendre certaines inégalités : la herse, qui a tendance à rebondir, ne travaille pas à une profondeur constante. À l’opposé, une cadence trop lente freinera l’effet de défragmentation, augmentant le nombre de mottes. Avec un cultivateur à dents en C, une vitesse d’environ 10 km/h est recommandée. »

2- Bien juger le nombre de passages requis

Trop de producteurs défragmentent leur sol à outrance, affirme l’ingénieur. Ce dernier recommande au contraire le moins de passages possible. « L’objectif consiste à préparer un bon lit de semence constitué d’une première couche de terre rugueuse, d’une deuxième couche plus fine où sera déposée la semence et, finalement, d’une troisième couche, à la base du lit de semence, qui en assurera l’approvisionnement en eau. Les deux premières découlent du travail de la herse. Or, un producteur qui effectue trop de passages pulvérisera le sol de sorte qu’il n’y aura plus cette première couche de terre rugueuse en surface. Cette situation s’avère d’autant plus problématique si le type de sol est sensible à la battance. » Certains producteurs, par désir d’avoir un champ « esthétique » et uniforme, ou simplement par automatisme, effectuent plusieurs passages. Mais selon les commentaires de M. Lamarre, et ceux d’autres agronomes contactés, il est essentiel de bien examiner le sol avant de prendre la décision d’effectuer un deuxième ou un troisième passage. « Avant de remonter dans le tracteur pour une autre séance de hersage, il faut creuser un peu le sol et vérifier la structure du lit de semence. S’il est adéquat : stop! On n’utilise pas davantage la herse, même si le sol n’est pas parfaitement uniforme. Idem pour la présence de résidus. Je vois des endroits où les producteurs effectuent de multiples passages sous prétexte d’enfouir les résidus de maïs. C’est une mauvaise pratique qui, au contraire, accroît la présence de poches d’air dans le sol. »

3- L’impact du type de herse

Deux types de herse sont principalement employés au Québec : le cultivateur à dents rigides et le vibroculteur.

Le cultivateur à dents rigides en C est souvent couplé avec des socs à pattes d’oie de 12,5 cm. Ce type de dents défragmente le sol en le soulevant. Georges Lamarre recommande cet équipement spécialement pour les terres argileuses, où il produit un bon lit de semence. Toutefois, cette machine lui paraît inappropriée en sols légers. « Le pouvoir de défragmentation de la patte d’oie est trop puissant pour la cohésion d’un sol sableux ou limoneux. Ces types de sols sont moins sensibles à la compaction, mais sont plus affectés par le phénomène de battance. Si un producteur effectue trop de passages, ou s’il utilise un modèle de herse qui défragmente trop son sol, il en résultera une terre pulvérisée. À la suite d’une averse, elle se scellera, ralentissant l’émergence des plantes et affectant les apports en eau et en oxygène. Bref, je ne conseille pas l’utilisation d’un cultivateur avec dents en C dans les sols légers, car son effet est trop agressif. »

De son côté, le vibroculteur possède des dents en S qui vibrent constamment selon un mouvement latéral et vertical. Cette vibration a pour effet de défragmenter les sols légers tout en laissant des agrégats un peu partout dans le profil de sol, ce qui réduit l’impact de battance. Georges Lamarre évalue toutefois que les performances de cet appareil en terre argileuse sont moins intéressantes : « Dans les sols lourds, ce type de machinerie brise moins les mottes. De fait, l’effet vibrant fonctionne moins dans la plasticité de l’argile. Et comme les dents en S sont structurellement plus faibles, elles dévient, selon la consistance de la terre, ce qui entraîne une couverture moins uniforme. Par exemple, si une dent dévie à gauche sur une masse de terre dure, et que sa voisine dévie à l’opposé pour la même raison, une bande de terre reste non travaillée. » Pour éviter cet effet, M. Lamarre recommande d’ajuster le vibroculteur avec plus de rigueur. « Si un printemps la terre est plus dure ou croûtée, il peut arriver que les entre-rangs du vibroculteur ne soient pas défragmentés, même après deux passages. Dans ce cas, il faut ajuster l’appareil pour que le travail s’effectue plus creux, à 6,5 cm par exemple. Cela confirme une fois de plus l’importance pour le producteur de descendre du tracteur et de creuser un peu le sol afin de s’assurer que l’ensemble de la terre soit défragmenté. Mais toujours sans travailler dans la couche fraîche et sans pulvériser la terre! »

 4- Un châssis solide

Plus le châssis de la herse est solide, moins il se produit de flexion, et plus le travail du sol est uniforme. « Il y a des herses au châssis plus faible qui, par conséquent, font évoluer certaines sections de l’équipement à des profondeurs différentes. L’uniformité des semis et de l’émergence peut en être affectée, une situation évidemment non souhaitable. » Pour les champs présentant différentes ondulations, des herses sont offertes avec un châssis articulé, permettant un meilleur suivi du relief du terrain.

 5- Encore et toujours : la compaction

Le cultivateur à dents rigides muni de pattes d’oie peut poser des problèmes de lissage s’il est employé trop profondément, c’est-à-dire dans la couche de terre humide. Georges Lamarre mentionne également des problèmes de compaction relativement à l’utilisation de la lame niveleuse qui équipe plusieurs herses. « Certains producteurs emploient de façon excessive le dispositif de nivellement de leur herse. Lorsque la lame niveleuse est chargée de terre, elle impose un poids important au tracteur, lequel se campe vers l’arrière et creuse davantage le sol. La terre compactée vis-à-vis le sillon des roues rend le travail de la herse moins efficace, un résultat visible par la recrudescence de mottes en surface. Pour pallier ce problème, je conseille aux agriculteurs de moins charger la lame niveleuse, quitte à effectuer plus d’un passage à cet endroit. Mais globalement, je crois qu’il faut limiter l’utilisation de cet équipement qui a tendance à tasser la terre, créant une autre forme de compaction. »