Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Après l’Ontario, la Colombie-Britannique et les États-Unis, c’est au tour du Québec de connaître une intensification de la viticulture. Les producteurs doivent donc redoubler de vigilance quant aux risques que constituent les virus, d’autant plus que ces derniers ne provoquent pas toujours des symptômes visibles, mais affaiblissent les plants.
Une soixantaine de virus s’attaquent à la vigne dans le monde. Chercheur pour Agriculture et agroalimentaire Canada, Mamadou Lamine Fall est spécialiste de la pathologie végétale et des phytovirus.
Il a observé la réémergence des virus associés à l’enroulement foliaire (Grapevine leafroll-associated virus ou GLRaV) et du virus de la tache annulaire de la tomate (Tomato ringspotvirus ou ToRSV) et l’apparition du virus associé à la tache rouge (Grapevine red blotch-associated virus ou GRBaV). Ce dernier n’a pas été détecté au Québec, mais pourrait y être présent, estime M. Fall. En revanche, le ToRSV a crû l’été dernier, ce qui l’inquiète.
« Ce virus ne présente pas toujours de symptômes, indique le chercheur. Mais il peut affecter la vigueur des plantes sans qu’on s’en rende compte. » Dans un document paru sur Internet, Antoine Dionne, phytopathologiste au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du ministère
de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) à Québec, confirme la présence dans quelques vignobles québécois du ToRSV, qui se caractérise par des grappes naines et une perte de vigueur des plants. Les producteurs observant ces symptômes peuvent d’ailleurs envoyer des plants au Laboratoire pour un diagnostic.
Le ToRSV est un népovirus, transmis par les nématodes présents dans le sol, par la semence, le pollen d’une plante à une autre de la même espèce.
De nombreux virus circulent aussi lors du transport des plants, sur les greffons et les porte-greffes. M. Fall souhaiterait l’adoption d’une certification nationale lors du transport des plants, à condition, précise-t-il, que « la recherche accompagne la détection pour dire quels virus tester et quels virus ajouter à la liste de tests ».
Une lutte globale et proactive
Une fois le virus installé, aucun fongicide ni pesticide ne l’éradiquera. C’est pourquoi M. Fall recommande la biovigilance. Au lieu de réagir à un virus, « on devrait plutôt insister sur l’anticipation en ayant une approche globale, car la plante réagit en permanence aux menaces », explique-t-il. Biodiversité, organismes nuisibles, écologie liée aux pratiques agricoles, type de culture et de ravageurs sont pris en compte.
Reste l’inconnue des changements climatiques. Augmenteront-ils le nombre de virus? « On ne peut le dire avec certitude, dit M. Fall, mais ils entraîneront la migration d’insectes vers le Nord. Le stress des plantes montera, les rendant plus sensibles aux affections virales. »
Pour éviter de perdre le contrôle dans la lutte contre ces organismes qui entraînent des pertes de rendement importantes dans les vignobles, mieux vaut apprendre à les connaître. Un producteur bien informé pourra réagir rapidement et trouver des solutions à long terme.
Brigitte Verdière, collaboration spéciale