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L’épidémie de maladie à virus Ebola (MVE), qui décime l’Afrique de l’Ouest, secoue l’agriculture.
« C’est catastrophique, témoigne le directeur général d’UPA Développement international (UPA DI), André D. Beaudoin. Le 16 octobre dernier, lors d’une rencontre de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Rome, M. Beaudoin a discuté avec des représentants des pays d’Afrique de l’Ouest. « Les gens ont abandonné leurs cultures et leurs villages pour fuir l’épidémie. Les frontières sont bloquées. Sur le plan agricole, c’est catastrophique. » La situation laisse craindre une flambée du prix des denrées alimentaires.
En Guinée, près de 80 % des 12 millions d’habitants vivent de l’agriculture. Dans ce pays, parmi les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest, c’est le secteur agricole qui a le plus souffert des conséquences de la crise. La désertion des campagnes par les travailleurs agricoles s’est soldée par une chute des exportations de produits phares tels que le cacao et l’huile de palme, rapporte la Banque mondiale. Les premières estimations suggèrent que la croissance économique en Guinée diminuera de moitié, de 4,5 % à 2,4 %, à cause de l’épidémie.
Au Libéria, dans le comté rural de Lofa, les prix des produits de base, dont les aliments, ont augmenté de 30 à 75 % rien qu’en août 2014, précise la FAO. De plus, le Libéria pourrait connaître une croissance négative en 2015, à la suite de la fermeture de l’une des deux plus importantes compagnies minières et de la perturbation des activités agricoles du pays, estime la Banque mondiale.
D’ici 2015, la crise pourrait coûter jusqu’à 809 M$ à la Guinée, au Libéria et à la Sierra Leone.
Prévention
De l’avis de la Banque mondiale, les pays touchés par la fièvre Ebola et leurs partenaires doivent se mobiliser rapidement pour faire reculer les réactions de panique face à la maladie. André D. Beaudoin abonde dans le même sens. La solution ne passe pas par la fermeture des frontières, croit l’agriculteur québécois. « Il faut plutôt aller au cœur de l’épidémie, traiter les malades, mettre en place des quarantaines. C’est une situation complexe, poursuit M. Beaudoin. Les pays aux prises avec la maladie n’ont pas de moyens pour y faire face. Le virus est très virulent et sournois, mais il ne se transmet pas si facilement. » Il donne l’exemple du virus de la rougeole, 10 fois plus transmissible que celui de l’Ebola. « Quand il y a un bon suivi et de la vigilance, les risques sont minimes », assure M. Beaudoin. À cet égard, le Nigéria est le pays qui a le mieux répondu à l’épidémie. Les autorités y ont utilisé les brigades existantes d’éradication de la polio pour contrôler l’Ebola.
Qu’est-ce que l’Ebola?
Les connaissances scientifiques actuelles ciblent une famille de chauves-souris frugivores comme les hôtes naturels du virus Ebola. Celui-ci s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés, résume l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le virus provoque une maladie aiguë et grave, souvent mortelle si elle n’est pas traitée. Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué contre la maladie. La flambée qui sévit en Afrique de l’Ouest depuis mars 2014 est la plus importante et la plus complexe depuis la découverte du virus en 1976.