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Depuis trois ans, le réseau L’Arterre tente de jumeler des candidats ayant un intérêt pour l’agriculture à des producteurs agricoles qui souhaitent prendre leur retraite. À travers la province, 107 jumelages ont été réussis, dont plus de la moitié dans la dernière année. Cependant, certains agriculteurs peinent toujours à trouver de la relève.
En Estrie, la ferme Les Vallons maraîchers avait trouvé un candidat potentiel. Ce dernier avait toutefois mentionné qu’il ne voulait pas reprendre la ferme maraîchère biologique seul. « Ça faisait trois saisons qu’il était avec nous. Il commençait à bien comprendre l’entreprise, mais cette année, il a choisi d’aller vers autre chose », indique le copropriétaire Jacques Blain, qui doit maintenant recommencer le processus à zéro. Il est inscrit à L’Arterre depuis un an. « De ce que je comprends, on n’a pas un modèle de ferme que les jeunes recherchent. Je pense qu’il y a moyen de se jumeler, à deux ou trois familles, et de bien vivre dans une ferme comme la nôtre », indique celui qui possède une terre de 79 hectares, dont 55 sont cultivables, à Compton.
Isabelle Hardy, agente de maillage de L’Arterre dans Lanaudière, reconnaît que les candidats recherchent davantage de petites surfaces d’environ huit hectares. Elle suggère aux aspirants de considérer l’approche d’un partenariat entre plusieurs agriculteurs, ce qui permet d’avoir un équilibre entre le travail à la ferme, le temps en famille et les loisirs. Un aspect de plus en plus recherché, selon elle.
Antoine Leuthard, producteur de vinaigre dans Lanaudière, espère ardemment qu’un jeune prendra la relève de son entreprise. « Je poursuis parce que je ne veux pas que ça tombe à l’eau. C’est un produit unique. Je suis prêt à accompagner un an ou deux », relate celui qui cultive les fruits et fleurs qu’il utilise dans la confection de ses vinaigres.
Se prendre à l’avance
Même s’il est encore relativement jeune, le producteur d’asperges, de cerises de terre et de courges Mario Rondeau souhaite trouver quelqu’un qui prendra graduellement les rênes de son entreprise Asperges Primera. « Souvent, on entend des histoires d’un agriculteur de 70 ans qui n’est plus capable et qui veut vendre rapidement. Ce n’est pas mon cas », indique celui qui est ouvert à différents scénarios de transfert pour ses 65 hectares de terres cultivables à Saint-Thomas dans Lanaudière. Il a joint L’Arterre il y a deux ans dans cette optique, mais sans succès jusqu’à présent.
C’est d’ailleurs ce que recommandent Isabelle Mailhot-Leduc et Benjamin Brasseur, agents de maillage pour L’Arterre dans la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). « L’avenir se planifie tôt. On essaie d’aborder les propriétaires d’avance, avant qu’ils soient épuisés, pour amorcer la transition progressivement », indique M. Brasseur.
Un intérêt à la hausse
Les demandes d’information d’aspirants agriculteurs ont augmenté dans la dernière année. Certains candidats provenaient du secteur des hôtels, restaurants et institutions, grandement touché par la pandémie. Cependant, après avoir passé « l’entonnoir » de critères, il en reste moins. « Il y a beaucoup de travail en amont d’un jumelage, précise Isabelle Mailhot-Leduc. On mise davantage sur la qualité que la quantité. »
Dans la CMM, les principaux jumelages ont été faits sous forme de location de terres. Mme Mailhot-Leduc soutient que cela « permet de commencer petit et de grandir son entreprise graduellement ». Un des enjeux importants d’un jumelage est la valeur des terres, ce qui nécessite une importante mise de fonds.
Candidat type
Selon Benoit Curé, coordonnateur de L’Arterre, le candidat type de la dernière année est une famille dans la mi-trentaine, dont l’un des partenaires conservera son emploi et l’autre travaillera à la ferme. La hausse des possibilités de télétravail permet donc plus d’options, dont celle de partir en région, où le prix des terres est souvent plus abordable.
Dans 15 régions L’Arterre a un ou des agents de maillage dans 15 régions administratives au Québec. Il n’y a que dans le Nord-du-Québec et la Côte-Nord qu’il n’y en a pas. Certaines régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, les Laurentides et la Montérégie ne sont pas entièrement desservies, puisque les ententes se signent souvent à l’échelle des MRC. Les derniers secteurs à s’être joints au réseau sont les Îles-de-la-Madeleine, le Saguenay et la MRC du Fjord du Saguenay. |