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En avril 2020, alors que la saison des asperges est menacée en raison de la pandémie de COVID-19, Amélie Reny Coulombe, copropriétaire avec son frère des Fermes Jacques Coulombe et Fils, doit réagir rapidement. Pour pallier l’absence des travailleurs étrangers, sa campagne de recrutement locale mène à la création d’une équipe presque entièrement féminine, une nouveauté chez ces producteurs maraîchers de l’île d’Orléans. « Mon annonce d’emploi Facebook a été vue quinze mille fois! », s’étonne encore l’agricultrice.
Dans cette ferme de quatrième génération, comme ailleurs, le manque de main-d’œuvre locale est chronique. L’année dernière aura été l’exception : une trentaine de personnes ont été embauchées, à 90 % des femmes dans la mi-vingtaine, pour la plupart sans expérience.
Leur candidature a été considérée autant que celle d’un homme. « Nous focussons sur les forces des candidats, leur intérêt et la capacité physique plutôt que sur le sexe, affirme Amélie Reny Coulombe. Ils sont tellement rares les gens locaux intéressés, qu’on se doit d’être ouverts, peu importe leur origine, leur religion, leur sexe. »
La flexibilité, gage de réussite
L’inexpérience et les restrictions sanitaires ont amené l’agricultrice à personnaliser ses pratiques en ressources humaines pour modeler les conditions de travail selon son équipe spéciale, même si cela impliquait « une légère baisse d’efficacité », reconnaît-elle. « Nous avons dû adapter nos méthodes de récolte à leurs capacités physiques, moindres que celles de nos TET [travailleurs étrangers temporaires], et aux règles de distanciation en vigueur, car normalement on récolte les asperges en équipes de deux. »
Mme Reny Coulombe a également dû faire preuve de souplesse pour se rapprocher des attentes des salariés. « On a été plus flexibles qu’à l’habitude pour les horaires. On a pris ce que les gens pouvaient nous offrir », précise celle qui ne regrette pas d’avoir pris des risques. « C’était plus compliqué à gérer que mes travailleurs étrangers, mais ça valait l’effort supplémentaire, soutient-elle. Ç’a été payant. On a pu avoir 50 % de notre récolte. »
Plus encore, une ambiance « festive » s’est installée à la ferme. « Les filles étaient de bonne humeur, la dynamique était géniale », s’enthousiasme Mme Reny Coulombe qui a su motiver les employés et établir une relation de confiance. « Les gens ont respecté leurs engagements jusqu’à la fin », se réjouit-elle.
La productrice maraîchère est toutefois consciente qu’il s’agissait de circonstances exceptionnelles. « Ç’a vraiment été un mouvement collectif de solidarité envers les agriculteurs, lié à une incertitude financière. Dommage, car j’ai vraiment aimé la vibe de l’année passée! » conclut-elle.
Les Fermes Jacques Coulombe et Fils ont été sélectionnées par le Centre d’emploi agricole de la Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale–Côte-Nord pour représenter cette région dans le cadre de Ma ferme, mon monde, source d’inspiration en gestion des ressources humaines, une initiative d’AGRIcarrières.
Emilie Nault-Simard, collaboration spéciale