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À la Miellerie St-Stanislas, en Montérégie, de délicats effluves sucrés donnent l’eau à la bouche.
SAINT-STANISLAS-DE-KOSTKA — Pendant que des clients quittent l’endroit les bras chargés de précieux achats, Joël Laberge s’affaire à décharger un petit camion. Il revient tout juste de la Baie-James, où il a recueilli ses abeilles qui campaient là en pollinisation. Depuis maintenant trois générations, la famille Laberge allie passion et savoir-faire pour survivre dans le monde capricieux des abeilles.
L’aventure apicole a commencé lorsque le père de Joël, Paul-André, décide d’apprendre le métier chez un producteur de sa région. « Pour lui, c’était un domaine intrigant. Des gens élevaient des abeilles par loisir, mais l’apiculture commerciale n’était pas très populaire à l’époque », raconte le fils. Deux ans plus tard, en 1960, Paul-André Laberge se lance dans l’élevage de ses propres abeilles sur les terres de son père, à Valleyfield. D’abord avec deux ruches, son entreprise a crû rapidement. « À un moment donné, il y en avait 300 en pleine ville de Valleyfield, là où il y a aujourd’hui un Wal-Mart », ironise Joël.
Pas le choix. Devant la soudaine croissance de l’entreprise, la famille déménage à Saint-Stanislas-de-Kostka. Deux ans après le décès de son fondateur, l’entreprise connaît cependant des années difficiles. « En 1996 1997, on a perdu 95 % de nos ruches à cause du varroa, un parasite qui venait des États-Unis et qu’on n’avait jamais vu ici », souligne l’apiculteur, aussi père de quatre enfants.
Si beaucoup d’exploitations apicoles ont cessé leurs activités à la suite de cette crise sans précédent, la famille Laberge a su garder la tête hors de l’eau grâce à une passion contagieuse. Aujourd’hui, le fils de Joël, Sébastien, détient le tiers des 1 200 ruches. L’une de ses filles s’occupe également de l’élevage des reines.
Le miel crémeux
Paul-André Laberge a eu six enfants, mais seul Joël a pris la relève de la ferme familiale. Si ce dernier estime qu’il n’est jamais évident d’assurer la continuité d’une exploitation agricole, il a confiance de trouver à son tour une relève auprès de son fils Sébastien.
« Moi, des abeilles, j’en mange! » lance Joël en rigolant, un bâton de gelée royale dans la bouche. Sébastien, lui, ne mange pratiquement jamais de miel. Il n’est pas moins passionné, aux dires de son père. « J’ai plus la passion de la vie de l’abeille, précise Joël. Je fais l’inspection de la ruche, tandis que mon fils est plus intéressé par le volet de production de miel. » C’est ainsi que sont réparties les tâches à la ferme depuis que Sébastien s’est officiellement joint à l’entreprise en 2012.
Joël Laberge affirme que l’avenir prometteur de l’industrie apicole a fait partie de ses arguments pour motiver son fils à se lancer dans l’élevage des abeilles. Il n’y a pas beaucoup d’apiculteurs. Le marché québécois est ouvert et on ne fournit même pas 20 % de la demande en miel dans la province », note-t-il.
S’il semble prêt à relever le défi, Sébastien ne voit pas tout à fait la vie en rose. « Ce n’est pas facile avec tous les parasites qui arrivent. Je ne sais pas si ça va durer encore bien longtemps, s’inquiète-t-il. Si ça va bien, on va croître, mais le moindrement qu’il y a des crises comme celle de 1997 qui viennent nous donner la vie dure, ce ne sera pas facile de continuer. » Ce à quoi son père répond avec un grain de sel. « Jamais un parasite n’est venu à bout d’un apiculteur! »
Au rucher, le soleil est bien haut dans le ciel. Les abeilles, un peu stressées au retour de la Baie-James, bourdonnent par centaines dans l’air. En signe de transmission des savoirs, Joël initie son fils à ce qu’il appelle avec enthousiasme « la photo spectaculaire ». D’un geste sec, il secoue le cadre de la ruche et laisse tomber des dizaines d’abeilles dans les mains de Sébastien, qui sourit poliment, visiblement habitué aux piqûres des butineuses.
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