Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
LONGUEUIL – Les Apiculteurs et apicultrices du Québec (AADQ) demandent aux deux paliers gouvernementaux la mise en place d’un fonds d’urgence pour les aider à faire face à des pertes « historiques » d’abeilles ce printemps.
« Nous demandons 12 M$ pour notamment créer un fonds d’aide d’urgence permettant aux apiculteurs de reconstruire leur cheptel et soutenir la recherche afin de trouver des solutions à long terme au varroa », a affirmé Raphaël Vacher, président des AADQ, lors d’une conférence de presse tenue le 18 mai à Longueuil, devant les locaux de l’Union des producteurs agricoles (UPA).
Le varroa destructor, un parasite arrivé au Québec au début des années 1990, serait selon l’organisation le principal responsable de pertes moyennes d’environ 60 % des abeilles dans les ruches du Québec ce printemps, alors que les pertes tournent normalement autour de 20 %.
Le traitement normalement utilisé contre ce parasite aurait été moins efficace l’an dernier en raison d’un début de saison hâtif et d’un été plus long et plus chaud que la normale. Un phénomène que M. Vacher attribue aux changements climatiques et qui « donne au varroa les conditions parfaites pour proliférer ».
Les apiculteurs se retrouvent donc actuellement dans une situation où leur cheptel est considérablement réduit et où les conditions pour importer de nouvelles abeilles de remplacement ont été ralenties et complexifiées par la pandémie de COVID-19. En parallèle, l’inflation, qui fait entre autres gonfler les coûts de transport, complique la tâche aux apiculteurs qui n’ont plus les liquidités pour faire face à la parade.
Un prêt de 10 M$ sur cinq ans, dont seuls les intérêts de 1,5 M $ seraient assumés par le gouvernement, permettrait d’abord de rebâtir leur cheptel et sauver la saison 2022, estiment les AADQ. Ceux-ci réclament de plus 6 M$ à moyen terme pour établir un plan d’action concerté visant l’autosuffisance et une moins grande dépendance aux importations d’abeilles, 1 M$ pour doubler les sommes permises aux comptes Agri-Investissement et Agri-Québec afin de mieux faire face à ce genre de situation dans l’avenir, 3 M$ pour soutenir le fonds d’assurances récolte et 500 000$ pour la recherches de solutions durables, notamment quant à la lutte au varroa.
Effet sur les autres productions
Le manque de ruches disponible a déjà une incidence sur d’autres productions, dont les producteurs de bleuets, qui louent chaque année environ 30 000 ruches pour polliniser leurs champs et qui estiment qu’il en manquera cette année entre 15 000 et 20 000. Plusieurs devront donc se tourner vers d’autres types de pollinisateurs, moins efficaces que les abeilles. Cela risque de miner la productivité autant du secteur des bleuets que d’autres productions comme la canneberge, les pommes et même les céréales, a souligné Martin Caron, président de l’UPA. « On vous le rappelle, l’apiculture génère des revenus de 30 M$ au niveau du Québec, mais c’est 500 M$ de retombées [dans les autres productions]. On voit qu’il y a un impact majeur sur la productivité des autres productions, et c’est pour ça qu’on est tous solidaires. Il n’y a pas une autre production qui pourrait passer à travers de pertes de 60 % de leur cheptel », a-t-il fait remarquer.