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Un halo de lumière émanant de la nouvelle serre des Serres Toundra pendant plus d’un mois au Lac-Saint-Jean a suscité la grogne des habitants de la région en début d’année. Une pétition a d’ailleurs été déposée à l’Assemblée nationale le 14 février réclamant une loi sur la pollution lumineuse. Bien qu’elle causerait des perturbations dans la régie de culture des producteurs, une telle loi pourrait toutefois être bénéfique pour les rendements, croit la professeure titulaire au Département de phytologie de l’Université Laval, Martine Dorais.
Un retard dans la livraison des équipements permettant d’installer des écrans noirs sur les parois de la nouvelle serre du complexe de Saint-Félicien a causé le mécontentement de citoyens de la région. Rappelons que certaines serres commerciales éclairent leurs végétaux 18 heures sur 24 et que le couvert enneigé accentue la réflexion de la lumière, visible sur plusieurs kilomètres. Caroline Lavoie, résidente du village voisin de Saint-Prime et instigatrice du groupe Facebook Tous pour la fin du halo lumineux des Serres Toundra, n’est pas contre le développement serricole, mais souhaite un développement économique durable qui prenne en considération la pollution lumineuse. Si cette dernière souhaite que la région se dote d’une réglementation pour limiter la pollution lumineuse à l’image de celle adoptée dans le secteur de l’Observatoire du Mont-Mégantic en Estrie, elle désire également que Québec légifère.
La professeure Martine Dorais considère que l’utilisation d’écrans noirs dans les complexes serricoles est incontournable. « La pollution lumineuse affecte tout, les oiseaux, les insectes, les plantes. Il y a même des études qui démontrent que les conifères n’entrent pas en dormance à cause de l’éclairage artificiel. On ne parle pas juste de la pollution lumineuse des serres, mais il faut repenser la pollution lumineuse en général. On joue avec les cycles circadiens, ce qui va influencer au niveau des hormones pour la prédation, la reproduction, la migration des animaux », explique-t-elle en précisant que cela pouvait même avoir un effet néfaste sur la santé humaine.
Advenant l’adoption d’une loi sur la pollution lumineuse, l’utilisation d’écrans opaques serait cependant bénéfique pour les rendements en serre, croit-elle. « Il faut les voir comme des écrans thermiques. Si on a des écrans opaques, noirs à l’extérieur, ils pourraient être blancs à l’intérieur et augmenter la réflexion de la lumière et son utilisation », mentionne-t-elle. Elle reconnaît toutefois que l’implantation d’écrans noirs engendrera des coûts supplémentaires pour les producteurs et causera des surplus d’humidité et des hausses de température à gérer. « Dans les serres, on gère l’humidité par ventilation, alors il faut ouvrir les toitures et si on pose un écran qui bloque, ça devient difficile », convient-elle.
Ailleurs
En Europe, l’utilisation des écrans opaques est une pratique réglementée depuis plusieurs années et les serriculteurs ont la possibilité d’ouvrir 8 % des écrans la nuit pour contrôler les taux d’humidité. Devant le développement grandissant de la filière serricole en Ontario, les municipalités de Kingsville et de Leamington ont adopté un règlement de contrôle de la pollution lumineuse en 2021. Comme en Europe, les producteurs gèrent les surplus d’humidité en ouvrant les écrans de 10 % entre 2 et 6 h du matin.