Vie rurale 31 janvier 2019

Un détecteur de gaz aurait pu lui sauver la vie

L’éleveur de volailles de Bromont intoxiqué l’an dernier au monoxyde de carbone en raison d’une défaillance d’une couveuse est mort accidentellement, conclut la coroner Karine Spénard, qui estime que la présence d’un détecteur aurait pu lui sauver la vie.

Jean-Marie Mori a été découvert inanimé, le 2 janvier 2018, dans un poulailler du chemin d’Adamsville, alors que ses proches étaient sans nouvelles de lui. Il avait fait part d’un malaise à un ami qui était passé le voir le matin du 30 décembre. « Il a également mentionné être étourdi et ils ont discuté d’une possible intoxication, ce que M. Mori a nié puisqu’il en avait déjà été victime et que les symptômes n’étaient pas les mêmes, selon lui », peut-on lire dans le rapport.

Le producteur a été malheureusement découvert sans vie, trois jours plus tard. L’autopsie a révélé la présence d’un taux de 34 % de monoxyde de carbone dans son organisme, alors que celui-ci devrait se situer normalement entre 0,3 et 0,7 %. Cette situation est survenue en raison du fait que l’une des couveuses était défectueuse et que le système de ventilation était arrêté.

Trois recommandations

Me Karine Spénard a émis trois recommandations aux Éleveurs de volailles du Québec (EVQ) : une ventilation adéquate à maintenir dans les poulaillers, un entretien régulier et rigoureux des couveuses au propane et de l’information sur les mesures de prévention ainsi que les dangers associés au monoxyde de carbone. 

Actuellement, il n’existe pas de réglementation pour obliger les producteurs de volailles à se munir d’un détecteur de gaz. « Je suis d’avis qu’un tel appareil aurait pu permettre de préserver la vie de M. Mori et pourrait prévenir d’autres accidents de même nature », a écrit la coroner. Elle est aussi persuadée qu’un entretien plus rigoureux de l’équipement aurait donné à la victime la possibilité de constater la défectuosité de la couveuse.

Appelés à réagir sur les conclusions du rapport, les EVQ admettent qu’il y a encore « un gros travail de sensibilisation à faire » auprès de leurs membres. L’organisation prévoit publier dans sa prochaine infolettre un article sur l’entretien des couveuses au propane. La prochaine édition du magazine NouvAiles, en mars, sera par ailleurs consacré à plusieurs sujets en santé et sécurité, dont certains seront inspirés du cas de M. Mori.

Les EVQ n’ont pas écarté la possibilité de rendre éventuellement obligatoire l’installation d’un détecteur de gaz dans les poulaillers. Toutefois, « à l’heure actuelle, on est encore à sensibiliser et à inviter les producteurs à se procurer ce type d’appareil », précise la porte-parole Marie-Hélène Jutras.