Vie rurale 9 septembre 2014

S’unir et s’Établir

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Chacun de leur côté, Christine Gaudet et Sylvain Dion s’apprêtaient à prendre la relève de l’entreprise familiale. C’était avant que leurs chemins se croisent!

Destiné à devenir la quatrième génération à la tête de la ferme des Dion, Sylvain s’inscrit au diplôme d’études collégiales en Gestion et exploitation d’entreprise agricole (GEEA) au Cégep de Victoriaville. Déterminée à suivre les traces de son père, Pierre Gaudet, producteur de grandes cultures biologiques à Aston Jonction, Christine choisit aussi le programme de GEEA du cégep de la région des Bois-Francs. C’est là que les deux jeunes gens se rencontrent. Ce coup du destin amène Christine à changer ses plans. Cette « fille à son père » décide d’assister son amoureux dans son projet d’établissement, non sans un pincement au cœur. « Qui prend mari prend pays », note aujourd’hui Christine. Habituée au paysage assez plat de son coin de pays, la jeune amatrice de tracteurs doit s’adapter à la topographie vallonnée de la région de Lotbinière-Mégantic. « C’est moins drôle en tracteur! Je suis encore un peu frileuse dans les côtes », avoue-t-elle. Christine doit aussi composer avec un climat fort différent. « Ici, nous perdons de 200 à 300 UTM [NDLR : unités thermiques maïs] juste en montant la côte », plaisante Sylvain.

Traintrain quotidien

La ferme Motain a progressivement changé de visage depuis l’arrivée de Sylvain en 2001, puis l’intégration de Christine en 2008. Les nouveaux actionnaires ont changé le système d’alimentation, renouvelé le parc de machinerie et construit un entrepôt pour leurs nouveaux joujoux. En 2008 seulement, ils érigent une nouvelle vacherie et rénovent l’ancienne. Les bâtiments passent du même coup du rouge au bleu. « Nous aimons beaucoup le bleu », souligne Christine, avouant ici le clin d’œil qu’ils souhaitent faire à la couleur de leurs équipements New Holland!

En rénovant, les deux complices en profitent pour faire passer leur cheptel de 32 à 48 vaches en lactation. Leur troupeau Holstein pur sang possède une moyenne de 8600 kilogrammes. « Nous ne poussons pas nos vaches », admet Christine. « Ce n’est pas une moyenne de fou, mais nous n’avons jamais vraiment poussé sur la génétique », poursuit Sylvain. En revanche, les deux accordent la première importance au bien-être et au confort de leurs animaux.

Côté cultures, Sylvain et Christine exploitent une douzaine d’acres de pâturages (5 ha), une centaine d’acres (40 ha) en boisés, quelque 150 acres (60 ha) de prairies et une quarantaine d’acres (16 ha) d’orge sur un loam argileux « avec des roches », précise Sylvain. « Beaucoup de roches », renchérit Christine, qui a également dû s’adapter à cette réalité! La famille possède une érablière de 5000 entailles « qui occupe un bon printemps », affirme Sylvain. Alors que ce dernier se concentre surtout à la gestion du troupeau, Christine se charge des travaux aux champs et de la relève laitière. Ils peuvent également compter sur le soutien des parents de Sylvain, toujours actifs dans l’entreprise. Jean-Guy, le père de Sylvain, continue de se tenir occupé à l’érablière et au boisé, tandis que sa mère, Noëlline, se spécialise dans la comptabilité. Le père de Christine, Pierre Gaudet, vient leur donner un coup de pouce dès que possible. Le lendemain de notre rencontre, M. Gaudet « s’en venait faire les foins ».

Généreux de leur temps

Les deux amoureux trouvent le temps de s’impliquer « dans toutes sortes d’affaires », comme le dit Christine. Sylvain occupe un poste d’administrateur du syndicat de base Lac William de l’Union des producteurs agricoles (UPA). De plus, Christine et lui ont œuvré pendant quatre ans dans les rangs de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ). Sylvain a d’ailleurs occupé la vice-présidence de l’Association de la relève agricole de la région de Québec (ARARQ). De belles années de « bénévolat agréable », selon le jeune éleveur. « Tu rencontres plein de gens et tu apprends », souligne Christine. Cette timide de nature, qui possède un sens inné de la répartie, siège aussi comme conseillère municipale à Saint-Pierre-Baptiste. « Il faut s’impliquer si nous voulons que notre municipalité bouge un petit brin », fait-elle remarquer. À travers toutes ces activités, le couple trouve le temps d’exploiter un élevage parallèle de… chats, rigole Sylvain. « Je voudrais tous les garder. J’ai amené une portée dans mon garage et je les ai bichonnés pour les portes ouvertes », confie Christine. En effet, les deux amoureux ont accueilli en grand les visiteurs lors de la Journée portes ouvertes sur les fermes du Québec. Une autre activité à joindre à la longue liste d’implications sociales de cette relève.