Vie rurale 15 août 2017

Rodéos – Des événements scrutés à la loupe

Les promoteurs québécois de rodéos ont eu chaud! La contestation juridique visant à empêcher la tenue d’un rodéo à Montréal cet été a été retirée, mais sous certaines conditions.

L’industrie devra ainsi montrer patte blanche au comité consultatif sur le bien-être animal, mis en place par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Des experts désignés par Me Roy se rendront aux rodéos de Montréal et de Saint-Tite pour faire leurs propres constatations.
Des experts désignés par Me Roy se rendront aux rodéos de Montréal et de Saint-Tite pour faire leurs propres constatations.

Le 23 mai dernier, le professeur Alain Roy, de la Faculté de droit de l’Université de Montréal, déposait une demande d’injonction afin de faire annuler le NomadFest, le rodéo urbain de Montréal, prévu du 24 au 27 août prochains. Me Roy allègue que les épreuves de dressage – les reines du rodéo – contreviennent au Code civil ainsi qu’à la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal (Loi BÊSA). En vertu de cette loi, depuis 2015, les animaux ne sont plus considérés comme des biens meubles, mais plutôt comme des êtres sensibles ayant des impératifs biologiques.

Le 7 juin, les parties ont signé une entente afin de permettre la tenue du rodéo, mais sous certaines conditions. Le MAPAQ doit ainsi constituer un comité consultatif sur le bien-être animal. Ce dernier sera composé de trois représentants du domaine du droit animalier nommés par Me Roy, de trois représentants de l’industrie du rodéo et de deux représentants du ministère. La composition du comité doit être divulguée bientôt. « Le MAPAQ nous demande d’annoncer nos représentants d’ici le 8 août », a précisé Me Alain Roy à La Terre.

De plus, un vétérinaire, un comportementaliste et un photographe désignés par Me Roy se rendront aux rodéos de Montréal et de Saint-Tite. « Pour la première fois, ce sont des experts indépendants qui documenteront tout le dossier », se réjouit le juriste. Chacune des expertises sera remise au comité consultatif, qui devra rédiger un rapport.

Rien n’exclut que Me Roy s’adresse de nouveau aux tribunaux afin d’obtenir un jugement sur la légalité des pratiques de rodéo « si en bout de processus, nous avons toujours la conviction que les activités sont illégales ou que les agissements du MAPAQ ne sont pas satisfaisants ». Dans cette éventualité, si le tribunal donnait raison à Me Roy, certaines disciplines pourraient être interdites au Québec.

Le professeur cible particulièrement les épreuves où « la performance est due à l’exploitation de la peur et de l’anxiété. Enlevez les stimuli, les sangles et les éperons, et il n’y a plus de show. C’est la peur que l’on exploite », conclut Me Roy.

Campagne de financement

L’acceptabilité sociale des rodéos fait toujours l’objet d’une polémique auprès des organismes de défense des droits des animaux. Une campagne de financement a même été mise sur pied par un groupe formé du professeur Alain Roy, de ses étudiants et de bénévoles. Ceux-ci souhaitent amasser 25 000 $ afin de payer les coûts reliés au travail du vétérinaire, du comportementaliste et du photographe nommés par Me Roy et qui seront à l’œuvre tout au long des 15 jours des rodéos de Montréal et de Saint-Tite. « Sans eux, il nous faudra mettre une croix sur la saisie directe de preuves et sur l’opportunité historique qui s’offre aux animaux », stipule le groupe. Au début d’août, les fonds amassés s’élevaient à plus de 8 000 $.

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