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Que faire quand on a tout perdu, quand notre monde s’envole en poussière, quand, du jour au lendemain, on se retrouve sans travail et qu’on doit faire le deuil de nos bêtes?
Ironiquement, dans le passé, dans des moments plus difficiles, j’ai secrètement souhaité ne plus avoir de vaches, avoir une vie plus normale. Et voilà! Tout d’un coup, les vaches n’étaient plus là, mais un grand vide m’habitait. C’est très déstabilisant et angoissant de se retrouver face au vide. Nous, dont la vie roulait à plein régime, nous tournions désormais en rond, sans projet, sans but!
Maintenant, qu’est-ce qu’on fait? C’est le temps de décider si on rebâtit. Étant une petite fille de la ville avant de rencontrer mon mari, je savais que la vie était possible sans ferme. Pour mon conjoint, c’était une tout autre histoire. Lui qui avait grandi dans la ferme de son père, il n’avait rien connu d’autre. Sa ferme, ses vaches : c’était toute sa vie.
Je n’ai jamais vu mon homme aussi désemparé. Lui qui avait toujours été mon phare, sa lumière était éteinte. Je me sentais souvent impuissante face à sa tristesse et à son désarroi. Comme je me suis mariée pour le meilleur et pour le pire, il était impensable pour moi d’abandonner mon complice des 13 dernières années dans ces moments difficiles. Je me suis donc armée de patience et d’amour et nous avons traversé la tempête ensemble.
Peu importe sa décision, je le suivrais et le soutiendrais dans ses démarches. Il a réfléchi. On en a longuement parlé, pour conclure qu’il aimait toujours son métier et que c’est ce qu’il souhaitait encore faire. Nous avons donc décidé de plonger dans le vide et de monter le plus gros projet de notre vie.
Tous les astres étaient alignés pour que notre projet démarre rapidement. Le premier coup de pelle a eu lieu trois mois jour pour jour après l’incendie. Nous étions là, à gérer un énorme chantier de construction avec son lot quotidien de stress et de décisions à prendre.
Les mois suivants ont été une montagne russe d’émotions. Nous avons vécu des hauts et des bas, tout un tas d’autres questionnements, des hésitations, des chicanes, beaucoup de fatigue, des courbatures, mais aussi de beaux souvenirs, des fous rires, de nouvelles amitiés, la découverte de nouveaux talents, des apprentissages à profusion et de nombreux défis.
Tous nos efforts ont été récompensés le 29 juin 2017. Nos nouvelles vaches ont fait leur entrée dans notre étable version 2.0 à la fine pointe de la technologie. Les robots de traite étaient enfin en fonction et on a commencé à traire nos premières bêtes. Nous étions officiellement redevenus producteurs laitiers!
Christine Aubin, Agrimom