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LAIT DIAFILTRÉ – Figure emblématique de la lutte contre les importations de lait diafiltré, Réal Brière jette l’éponge.
À 47 ans, le producteur laitier de Saint-Augustin à Mirabel choisit d’abandonner la production laitière qu’il avait intégrée en 2009. S’il va conserver ses 60 acres de terre, il entend vendre son quota et expédier ses vaches à la boucherie. Il explique son retrait par les pertes subies au cours de la dernière année en raison de la baisse du prix du lait découlant des importations de lait diafiltré. « C’est le manque de liquidités étant donné que le prix du lait ne remonte pas », affirme-t-il pour justifier sa décision.
« Depuis un an, ajoute-t-il, je suis obligé de mettre de l’argent personnel dans la ferme. Je suis fils de producteur laitier et comme moi, mon père est parti de rien. Il a réussi à s’en sortir et je pensais être capable de faire pareil. »
Réal Brière estime aujourd’hui que les risques financiers sont trop importants, compte tenu du minime taux de rendement sur l’investissement d’à peine 1 %. Il souligne également qu’il était prêt à affronter les aléas de la météo et d’un élevage laitier, mais qu’il refuse de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Très actif au sein du groupe Facebook Lait’quitable, il évoque aussi le « climat d’incertitude » entretenu par les gouvernements pour expliquer son départ.
« J’aurais aimé continuer, déclare-t-il. C’est aussi l’incertitude politique qui nous pend au bout du nez. Au provincial, on s’est attaqués à la mise en marché collective le printemps dernier dans le sirop d’érable. Même si le fédéral dit qu’il va protéger la gestion de l’offre, il ne fait rien pour faire respecter ses frontières et ses normes. On le voit bien avec Maxime Bernier. »
Administrateur de son syndicat dans la MRC de Mirabel, Réal Brière salue la conclusion d’une entente nationale entre les producteurs et les industriels laitiers. Il tient à souligner le travail accompli par le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre. S’il dit ne pas connaître les termes précis de cet accord, il croit que les producteurs de lait ne pourront récupérer plus que 40 à 60 % de leurs revenus. Dans son cas, c’est trop peu et trop tard. « Même si l’entente est ratifiée, le prix du lait ne remontera pas en septembre prochain », prévoit-il.
Le producteur conserve aussi des doutes quant au respect de l’entente par les transformateurs. Il est absurde à ses yeux de compter uniquement sur leur « gentlemen’s agreement », étant donné leur comportement. La récente augmentation de 1 % du quota, qui entrera en vigueur le 1er septembre prochain, juge-t-il, constitue néanmoins un signe qu’ils sont en train de se conformer à l’entente, mais surtout « à cause des reports de droit » sur leurs importations. « On voit que les transformateurs marchent plus droit, note-t-il, mais ils ont encore des choses à prouver. »