Vie rurale 5 septembre 2014

Rapport-choc sur l’endettement des fermes québécoises

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Les producteurs agricoles québécois sont plus endettés que la moyenne canadienne, mais cela ne fait pas d’eux de mauvais gestionnaires, bien au contraire.

C’est l’un des constats tirés par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), qui dévoilait le vendredi 27 juin un rapport-choc sur l’endettement des fermes au Québec.

« Depuis 10 ans, peut-on lire dans le rapport, le taux d’endettement moyen des établissements agricoles québécois s’avère plus élevé que celui des provinces du Canada. »

Ainsi, le taux d’endettement des fermes atteint 26 % au Québec. La moyenne canadienne se chiffre à 19 %.

Plus compétitifs

Faut-il s’en inquiéter? Peut-on parler de surendettement?

Pas vraiment, selon les auteurs du rapport, François L’Italien, Lyne Nantel et Clément Boulanger Bishinga, chargés de projet à l’IRÉC.

Selon eux, le taux d’endettement « ne semble pas être devenu excessif » et si les producteurs contractent des emprunts, c’est pour être plus compétitifs.

On achète des tracteurs pour être plus performants sur le terrain. On achète des terres pour prendre de l’expansion, et pour être propriétaire de sa terre.

En d’autres termes, on emprunte pour « de bonnes raisons », et non pas pour bien paraître…

« Les producteurs obtiennent de leur passif un effet de levier positif qui se traduit par une augmentation des capacités d’investissement et une rentabilité accrue des capitaux propres », constatent les auteurs du rapport, commandé par l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Un tel constat rejoint l’économiste en chef de l’UPA, Charles-Félix Ross. « Il faut cesser de donner une connotation négative à l’endettement, dans la mesure où les nouveaux capitaux permettent à une ferme de se déployer davantage », fait-il valoir.

Rapport St-Pierre

On devine bien que les chercheurs, dans leur rapport, souhaitent remettre les pendules à l’heure et défaire certains mythes sur les capacités des producteurs de bien s’occuper de leurs finances.

Ils rappellent qu’en 2009, le Rapport St-Pierre avait émis la thèse selon laquelle les fermes québécoises « seraient surendettées » et que les politiques de soutien aux producteurs « seraient un obstacle », dans leur version actuelle, à une gestion financière efficace des fermes.

« Pourtant, à la lumière des données statistiques disponibles, cette analyse doit être nuancée. […] Si le niveau d’endettement moyen des producteurs québécois est élevé, rien ne justifie l’abandon des programmes de soutien aux producteurs. »

Encore là, Charles-Félix Ross se porte à la défense des programmes de soutien. « Partout dans le monde où on retrouve une agriculture dynamique, soulève-t-il, il y a des politiques de soutien structurantes qui permettent aux propriétaires exploitants de bien vivre de leur métier. À défaut de soutien, ce sont les multinationales qui occupent tout l’espace. »

Les chercheurs de l’IRÉC estiment également qu’il importe de trouver des solutions rapidement pour permettre aux jeunes producteurs de la relève d’exercer le métier d’agriculteur.

À ce propos, ils suggèrent que des « mesures de soutien adaptées » soient mises de l’avant dans les meilleurs délais afin d’améliorer les conditions d’entrée.