Vie rurale 5 avril 2017

Producteurs de sirop depuis 53 ans

SAINT-NICÉPHORE — À 86 ans, Rolland Bahl peine aujourd’hui à marcher. Il se déplace en triporteur électrique ou sur son quatre-roues. Le printemps venu, il ressent pourtant un élan irrésistible, celui de faire les sucres. Lui et son épouse Rolande Plante sont producteurs de sirop d’érable depuis… 53 ans.

Munie d’un récipient d’eau chaude, Rolande Plante tente de dégeler le tuyau principal qui apporte l’eau d’érable à la cabane. Crédit photo : Pierre-Yvon Bégin/TCN
Munie d’un récipient d’eau chaude, Rolande Plante tente de dégeler le tuyau principal qui apporte l’eau d’érable à la cabane. Crédit photo : Pierre-Yvon Bégin/TCN

« C’est une maladie », admet volontiers l’octogénaire, qui pense avoir commencé à faire les sucres vers l’âge de sept ou huit ans. À cette époque, pour se rendre aux érables et vider les chaudières, il utilisait un cheval. « C’était plus commode qu’un tracteur », lance-t-il. 

Le 30 mars dernier, il s’attendait à une bonne coulée, ce qui devrait lui permettre de se rapprocher de sa production habituelle de 500 gallons. Ses 2 200 entailles avaient jusqu’alors produit 310 gallons.

L’acériculteur tente aujourd’hui de se rendre le plus utile possible. Il « runne la presse et surveille les cadrans ». À bord de son quatre-roues, il va aussi voir « au bout des lignes » pour détecter les fuites. De bons chemins lui permettent de circuler partout. Il n’a qu’à se pencher « pour passer sous les lignes ».

Rolande et son fils François se chargent maintenant du gros du travail. La sucrerie, achetée en 1964 de son père Fabien Bahl, a été l’une des premières au Québec à passer à la tubulure, pense Rolland. L’osmose a suivi plus tard.

« Ils sont équipés de 5 à 6 000 entailles, témoigne François. Ce qui prenait 10 à 12 heures autrefois se fait aujourd’hui en 2 h 30. »

« On n’a pas une grosse réguine, mais on est bien installés », se félicite Rolland.

Rolande reprend vite les deux hommes, disant que « c’est encore beaucoup de travail ». Elle note que « c’est collant » et qu’il faut toujours laver les bassins. Celle qui vient de passer le cap des 81 ans a de la difficulté à demeurer en place bien longtemps. D’un bond, elle va démarrer les pompes, répond à un client et court pour tenter de dégeler le tuyau principal avec un bidon d’eau chaude.

 « Le sirop est beau cette année, témoigne Rolande. Quand il fait froid, il est toujours beau. Nous, on fait seulement du A. »

« Chaud, ajoute-t-elle, le sirop est toujours bon. Mais c’est quand il est froid qu’on peut y goûter vraiment. »

Membre de la coopérative Citadelle depuis 1972, le couple se fait aussi un devoir d’assister aux assemblées générales annuelles de son syndicat. En février dernier, il a même tenu à prendre part à l’examen périodique du plan conjoint des producteurs acéricoles par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, à Drummondville.

« Il faut que je sois bien pressé pour ne pas y aller et on y apprend toujours quelque chose », indique Rolland. Il se dit heureux de payer les 12 ¢/lb à la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, parce que « ça tient les prix ».

« C’est toujours payant d’aller là », renchérit Rolande, sous l’œil approbateur de son fils.