Vie rurale 23 août 2017

Pratique religieuse plus faible en milieu rural

L’attachement à l’égard de l’église paroissiale est très fort à la campagne, à un point tel qu’il est particulièrement difficile de fermer l’un de ces temples.

Leur fréquentation par ailleurs est plus faible dans certains milieux ruraux, tandis qu’il y a encore une bonne participation en ville. C’est ce qu’observe Mgr François Lapierre.

Évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe depuis 1998, Mgr Lapierre prendra une retraite bien méritée en septembre prochain. Il estime que plusieurs facteurs peuvent expliquer une fréquentation plus faible à la campagne, limitée parfois à 20 ou 30 personnes le dimanche. 

« D’abord, en milieu rural, ça fait un bon moment qu’il n’y a plus de prêtres résidents. »

« Ici, à Saint-Hyacinthe, enchaîne-t-il, une ville où la tradition catholique est bien implantée, des églises sont pratiquement pleines le dimanche. Peut-être que les gens de la campagne viennent à la messe en ville et en profitent pour bruncher. »

Mgr Lapierre admet que la fermeture de plusieurs églises à Granby et à Saint-Hyacinthe a peut-être également contribué à rassembler les fidèles dans quelques lieux. Chose certaine, ajoute-t-il, il est très difficile de fermer une église en région rurale.

« L’église, constate Mgr Lapierre, fait partie du paysage à la campagne. Les gens tiennent à ce qu’elle soit là. »

Mgr François Lapierre confie qu’un psychiatre lui a même conseillé un jour d’envisager la fermeture d’une église à la campagne avec la plus grande prudence.

« L’église, dit-il encore, c’est un point de repère important dans un village. Elle permet aux gens de se situer. Dans nos sociétés, notait le psychiatre, beaucoup de problèmes proviennent justement en raison du manque de points de repère. Même si le monde n’est pas pratiquant, c’est comme une valeur sûre. »

Québec

Il est difficile d’évaluer précisément la pratique religieuse des catholiques au Québec. En l’absence de statistiques récentes, on peut estimer que celle-ci se situe quelque part entre 5 à 10 %, mentionne l’abbé Alain Pouliot, du diocèse de Québec. Quoique, note-t-il, la notion de pratique religieuse a évolué. Celle-ci n’est plus associée à la seule présence à une messe une fois par semaine, dit-il. On tient maintenant compte des autres cérémonies telles que funérailles, mariages et baptêmes.

« Les gens ne vont plus nécessairement toujours à la même église, explique-t-il. Nous nous ajustons aux besoins, en fonction notamment de l’horaire des messes de chaque paroisse. »

La baisse de la pratique religieuse force les diocèses à revoir leurs effectifs. À celui de Québec par exemple, on a entrepris un plan de rationalisation afin de regrouper les paroisses. On en comptait 200 il y a deux ans; il y en a moins d’une centaine aujourd’hui et il ne devrait en rester que 35 d’ici 2020.

Aucune surprise

Selon le doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, Gilles Routhier, la baisse de fréquentation des églises a commencé en ville. Mais elle y est aujourd’hui plus élevée, notamment en raison de moyens pastoraux plus importants.

« Dans le milieu rural, il y a souvent une désertification ecclésiale qui s’apparente à celle d’autres services tels que l’épicerie et le bureau de poste », ajoute le doyen.

De plus, Gilles Routhier croit que la pratique religieuse a duré plus longtemps à la campagne en raison de ce que les sociologues appellent l’attestation sociale. Quand aller à la messe était socialement attesté, explique-t-il, les déviants étaient vite étiquetés à la campagne.

« Ça prend beaucoup plus de courage aux gens de la campagne de se singulariser, affirme-t-il. C’est vrai pour tout le monde et encore plus pour les jeunes. »

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