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Dans le contexte d’une augmentation des cas de résistance aux herbicides, dont au glyphosate, il est plus nécessaire que jamais de faire une utilisation raisonnée de ces produits. Certains facteurs comme la qualité de l’eau et le moment d’application peuvent faire toute la différence entre une intervention efficace et de piètres résultats.
« Le glyphosate reste un outil presque incontournable en grandes cultures, mais avec l’apparition de plantes résistantes au Québec, nous devons être en mesure de savoir utiliser adéquatement les solutions alternatives au glyphosate, et aussi de pouvoir faire la distinction entre un cas de résistance et un cas de faible efficacité », explique Jean-François Foley, directeur de l’agronomie chez Semences Pride.
Qualité de l’eau
Un des principaux facteurs qui influencent le comportement du glyphosate est la qualité de l’eau. Cet herbicide ayant pour caractéristique de se lier facilement aux particules solides, la présence de poussière sur le feuillage et de particules en suspension dans l’eau peut diminuer de façon notable son efficacité. Une bouillie préparée avec de l’eau sale n’a presque aucun effet sur certaines mauvaises herbes comme le chénopode blanc.
L’utilisation d’une eau propre est donc primordiale avec le glyphosate. « Un truc pour savoir si notre eau est propre est de remplir une chaudière de cinq gallons et d’y déposer une pièce de 25 cents. Si on la distingue à peine, c’est que l’eau est trop sale. Dans ce cas, le producteur devrait chercher son eau à une autre source », suggère Jean-François Foley.
La dureté de l’eau est également à considérer. Une eau à forte teneur en cations (calcium, magnésium, fer, sodium) aura pour effet d’inactiver le glyphosate. Pour empêcher ce phénomène, l’agronome recommande d’ajouter du sulfate d’ammoniac dans le réservoir avant d’y mettre l’herbicide. « Le sulfate d’ammoniac est un acide fort qui se dissout complètement, et dont la composante soufrée est négative et fixera les cations présents dans l’eau, laissant les molécules de glyphosate intactes », ajoute l’agronome.
Glufosinate : choisir le bon moment
Si le producteur se tourne plutôt vers le glufosinate (Liberty), il devra porter son attention principalement sur le moment d’application. L’été dernier, Jean-François Foley a mené des tests au champ sur différentes populations de chénopode blanc et d’abutilon en appliquant une solution de glufosinate à 6 h, à 14 h et à 22 h.
Résultat : le glufosinate est plus efficace lorsqu’il a été appliqué l’après-midi, par un temps chaud et ensoleillé, puisqu’il a la particularité d’intervenir dans le processus de photosynthèse du plant. « Avec le glufosinate, traiter très tôt le matin ou en soirée ne donnera pas les résultats voulus, surtout pour les feuilles larges et pour l’abutilon », commente l’agronome.
Il est également recommandé de prêter une attention particulière à la couverture d’application avec le glufosinate, qui a un mode d’action différent du glyphosate. « Contrairement au glyphosate dont une seule goutte suffit à endommager le plant, le glufosinate va brûler seulement les points de contact », souligne Jean-François Foley. Par conséquent, il suggère d’utiliser 200 litres de bouillie par hectare contrôlé.
L’utilisation efficace de ces ingrédients demeure la meilleure façon de limiter le phénomène de résistance aux herbicides au Québec, croit l’agronome. « L’utilisation de mélanges en réservoir à plusieurs modes d’action a permis de diminuer la vitesse d’apparition de résistance des mauvaises herbes au Québec. Notre position est enviable face à celle de nos voisins de l’Ontario. Nos producteurs ont su profiter de l’expertise de leurs représentants et de leurs conseillers. Souhaitons qu’ils puissent continuer d’en profiter dans le futur. »
Jean-François Foley était conférencier à la Journée phytoprotection du CRAAQ, le 11 juillet 2019.