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Prendre des vacances est un luxe pour plusieurs producteurs agricoles, surtout les éleveurs qui ne peuvent s’absenter. Il serait cependant judicieux de se prendre quelques semaines par année afin d’améliorer son bien-être et ses performances à la ferme.
Pour y arriver, la clé consiste à planifier d’avance des vacances, indique Viktoria Schuler, gestionnaire de projets en service RH au Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture.
Une semaine, deux semaines, un mois? Combien de temps faut-il prendre? « C’est recommandé de prendre trois ou quatre semaines par année. Mais tout dépend du temps de l’année et du type de ferme. Les membres d’une ferme saisonnière, comme les maraîchers, n’ont pas l’opportunité de prendre de vacances durant la période de pointe. Même chose pour une famille qui possède une petite ferme laitière, où tout le monde est très occupé avec les semis, les foins, les animaux, les récoltes. Mais dans ces situations, une bonne stratégie consiste à prendre du temps de vacances avant et après cette période de marathon, pour diminuer l’impact du stress. » Mme Schuler suggère aussi, même chez ceux qui ont une longue liste de tâches en été, de se dégager une journée de vacances à l’occasion, par exemple, pour passer une journée sur un plan d’eau en famille.
Dans d’autres secteurs, la prise de vacances est plus facile. Viktoria Schuler remarque que plusieurs producteurs de grains prennent maintenant un mois de vacances en hiver vers des destinations chaudes, comme le Mexique et l’Arizona. Et certains n’hésitent pas à prendre des semaines complètes en été, que ce soit des producteurs de grains ou des éleveurs qui possèdent de grosses entreprises avec plusieurs employés qui s’occupent de la ferme en leur absence. « D’autant plus que plusieurs agriculteurs ont maintenant accès à distance à l’ensemble de leurs données d’exploitation comme la température des lieux d’élevage, le fonctionnement des systèmes d’alimentation, le niveau des réserves de grains, la production des bovins laitiers, etc. », énumère-t-elle.
Se doter d’une politique vacances
La meilleure façon de se dégager du temps de vacances et d’éviter les iniquités entres les propriétaires de la ferme, ou entre les employés, consiste à doter l’entreprise d’une politique de vacances et d’établir un calendrier. Ce conseil vaut même pour les petites fermes familiales de deux ou trois personnes, souligne Viktoria Schuler. Une telle politique se décide conjointement avec tous les copropriétaires de la ferme. Il s’agit de déterminer à combien de jours de vacances chaque personne a droit. De définir si ce nombre de jours ou de semaines de congé augmente avec le temps, par exemple, après 5 ans, 10 ans et 20 ans de travail à la ferme. Si la ferme appartient à deux frères, l’un peut-il demander plus de vacances en échange de moins de revenus? « Dans ce cas, il s’agit de documenter le nombre d’heures que chacun fait à la ferme, et de l’inclure dans un accord entre copropriétaires. En cas de divergence, un processus avec un médiateur peut aider », stipule Mme Schuler.
Ensuite, vient le temps de baliser les périodes de congés. Est-ce que des périodes précises, lors des récoltes par exemple, doivent être interdites pour les vacances? Si la décision a été prise que les copropriétaires ne peuvent pas prendre leurs vacances en même temps et qu’un conflit d’horaire survient, de quelle façon sera-t-il réglé? Est-ce qu’un copropriétaire plus âgé peut avoir systématiquement priorité sur un autre ou est-ce que la priorité peut changer chaque année?
Communiquer clairement à tous
Une politique de vacances incluant les dates, la durée, la priorité des congés et autres doit également être appliquée aux employés et être communiquée dès le moment d’embauche d’un nouvel employé.
Pour diminuer les insatisfactions et les frustrations, Mme Schuler recommande de décider d’avance les dates de congés, autant des copropriétaires de la ferme que des employés, et d’indiquer clairement les dates que chacun prend dans un calendrier visible par tous. Cela permet à l’entreprise de mieux panifier ses besoins de main-d’œuvre, selon les périodes de vacances.
Attention aux dettes de vacances
Dans une période économique plus difficile pour de nombreuses personnes, dont des agriculteurs, il importe de prendre des vacances sans s’endetter ou sans affecter les liquidités de l’entreprise, conseille Étienne Fiset, associé et syndic autorisé en insolvabilité chez Raymond Chabot. Dans la situation où le solde de la carte de crédit est élevé, le fait d’ajouter des vacances, des dépenses dans un hôtel, dans les restos ou un voyage dans le Sud ou en Europe, à un taux d’intérêt de 20 %, « ça peut coûter très cher », assure M. Fiset. À cela, spécifie-t-il, s’ajoutent souvent des dépenses imprévues en vacances qu’il faut être en mesure d’assumer.
Prendre des vacances… de sa situation financière
Pour passer du bon temps, l’esprit tranquille, Étienne Fiset propose un truc simple. « Tout le monde le sait, mais il faut toujours le répéter : le conseil ultime, c’est de prendre des vacances, mais pas à crédit. Se faire un petit coussin pendant l’année, un 100 $ par mois pour ses vacances, ça permet d’en profiter sans être préoccupé par sa situation financière. »