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L’eau souterraine est indispensable pour les agriculteurs du Québec, et près de 20 % de la population québécoise en dépend exclusivement. L’utilisation de pesticides et autres produits chimiques peut toutefois altérer la qualité de cette eau. Alors, comment prévenir cette contamination?
Selon les données du gouvernement du Québec, on retrouve 10 fois plus d’eau dans les aquifères souterrains que dans les lacs et rivières de la province. Mais ce n’est pas parce qu’on la retrouve en grande quantité qu’il ne faut pas y faire attention.
Par exemple, l’azote, un élément essentiel à la croissance des plantes, peut migrer dans les eaux souterraines s’il est appliqué en excès. Des concentrations trop élevées dans l’eau potable peuvent même causer des malformations chez le nourrisson et le cancer gastrique chez l’adulte, note Éric Filion, étudiant à la maîtrise à l’Université du Québec à Rimouski, qui s’est penché sur le sujet.
« Mon projet de recherche poursuit l’objectif d’établir la connexion entre les pratiques agricoles en surface et les concentrations en nitrates observées dans les eaux souterraines. Pour ce faire, nous devons nous intéresser aux pratiques agricoles de surface qui peuvent mener à une potentielle contamination en nitrates dans la nappe phréatique, explique le chercheur.
Le projet consiste à intégrer le domaine de l’hydrogéologie à celui de l’agronomie afin d’évaluer l’impact des activités agricoles sur la qualité de l’eau souterraine. À l’aide d’expériences de simulation de pluies sur des carottes de sols, le projet vise entre autres à quantifier les flux de nitrates pouvant être transportés vers l’eau souterraine lors des précipitations. »
Une question d’équilibre
La fonte des neiges serait une période critique pour le ruissellement, car une grande quantité d’eau pénètre dans le sol en très peu de temps. « Ça constituerait une période plus à risque, car l’ensemble des nitrates accumulés dans le sol pourrait se déverser dans les eaux souterraines », ajoute le chercheur, qui teste différentes techniques d’amendement des sols pour aider à la fixation des nitrates. « L’épandage de chaux afin d’améliorer le pH du sol [chaulage] pourrait favoriser l’assimilation des nitrates par la plante, lui assurant ainsi une meilleure croissance tout en limitant les risques de pertes dans les eaux souterraines lors des périodes d’averses. On souhaite trouver un équilibre entre la pérennité des activités agricoles et la préservation de la qualité de l’eau souterraine », note Éric Filion.
Pour bien connaître la qualité de son eau souterraine, il est donc fortement recommandé de faire analyser celle-ci deux fois par année, au printemps et à l’automne, car les analyses bactériologiques permettent de dépister les bactéries qui peuvent affecter la santé humaine à court terme. De plus, les analyses chimiques décèlent les métaux qui pourraient avoir des effets sur la santé à long terme, notent les experts gouvernementaux.
Il existe plusieurs sources de contamination potentielle des eaux souterraines, et l’utilisation de pesticides en fait partie, note le rapport Pesticides et eau souterraine : prévenir la contamination en milieu agricole, produit par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. D’abord, certains pesticides sont plus solubles que d’autres, ce qui les rend beaucoup plus mobiles, et posent plus de risques de contamination de l’eau. Parmi les produits les plus susceptibles d’être lessivés, on retrouve notamment l’atrazine, la bentazone, le dicamba et le 2,4-DB (tableau complet ici : http://bibvir1.uqac.ca/archivage/030007235.pdf).
La texture du sol influence aussi la possibilité de contaminer l’eau souterraine, car le sable et les loams sont beaucoup plus perméables que l’argile, note le rapport.
Pour réduire les risques de contamination, il est suggéré de faire des applications foliaires, plutôt que directement sur le sol. De plus, pour maximiser l’absorption des produits, il est préférable de faire une application lorsque l’on n’annonce pas de pluie. « L’adoption de la lutte intégrée, l’application de pesticides à la plus faible dose efficace homologuée, l’application d’herbicides à des doses inférieures à celles inscrites sur l’étiquette, l’application localisée ou en bandes sont des exemples de pratiques qui permettent de diminuer les quantités de pesticides appliquées et de réduire les risques de contamination de l’eau souterraine », peut-on lire dans le rapport.