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Les vétérinaires formés à l’étranger estiment avoir les qualifications nécessaires pour répondre à la pénurie de vétérinaires dans les régions du Québec, mais le processus de reconnaissance des diplômes est dispendieux et en décourage plus d’un.
En arrivant de la Colombie en 2011, le vétérinaire Jairo Alberto Penagos Wilches s’est adressé à l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) pour tenter d’obtenir un permis d’exercice. Malgré ses cinq ans et demi d’études et ses dix années d’expérience dans le domaine des bovins laitiers en Colombie, l’OMVQ n’a pas reconnu ses acquis puisque l’université qui a délivré son diplôme n’était pas accréditée par l’American Veterinary Medical Association.
Deux options s’offraient à lui: soit de passer les examens d’équivalence de diplôme de l’Ordre, ou de ne pas pratiquer la médecine vétérinaire. Jairo Alberto Penagos Wilches a opté pour un poste de gérant de troupeau d’une ferme laitière de la Montérégie avant de devenir gestionnaire du programme de donneuses d’embryons de l’entreprise spécialisée dans la génétique bovine Semex.
À l’époque, le permis d’exercice n’était octroyé qu’après avoir réussi quatre examens de connaissances vétérinaires générales, toutes spécialités confondues. Aujourd’hui, un cinquième examen s’est ajouté au coût total de 20 000 $ par candidat. « Je connais au Québec des [vétérinaires formés à l’étranger] qui essaient depuis quelques années de passer les examens, mais [s’ils échouent l’un des examens], ils doivent payer de nouveau, soutient-il. On veut apporter plus à cette magnifique société. On est formés pour donner plus de notre côté. »
Des pistes de solution
Pour améliorer l’accessibilité de la pratique vétérinaire aux étrangers formés dans des universités non accréditées, Jairo Alberto Penagos Wilches propose de passer un seul examen d’évaluation des connaissances dans le domaine de spécialisation du candidat. « Mon expérience depuis 20 ans, c’est juste les vaches. Pourquoi ne pas donner la chance de présenter un examen juste par rapport [aux vaches]? Ou s’il y a une pénurie [de vétérinaires spécialisés dans un type d’animal], faire l’examen suivi du parrainage d’un collègue d’ici », suggère-t-il.
Le Colombien d’origine ajoute que l’Ordre pourrait effectuer un suivi annuel auprès de ces vétérinaires afin de valider qu’une fois le permis en poche, ils s’affairent à traiter uniquement la catégorie d’animaux pour laquelle ils ont passé l’examen. Il suggère aussi d’intégrer les nouveaux arrivants possédant une formation vétérinaire en les installant dans les régions québécoises victimes de la pénurie.
Pas optimal, reconnaît l’Ordre
De son côté, le nouveau président de l’Ordre, le Dr Gaston Rioux, reconnaît que le processus est « ardu et coûteux » pour les vétérinaires formés dans des universités non accréditées. Il précise toutefois que les permis d’exercice au Canada permettent de poser des actes vétérinaires qui ne sont pas segmentés en domaine de pratique, et que pour cette raison, les compétences doivent être validées dans tous les domaines de la médecine vétérinaire pour octroyer un permis.
« Assurément, l’Ordre souhaite favoriser l’intégration des médecins diplômés hors Québec et comprend que la situation n’est pas optimale actuellement. Il s’agit d’ailleurs d’une des stratégies de notre planification stratégique 2019-2022 pour répondre à l’enjeu de l’accessibilité aux soins vétérinaires », mentionne le
Dr Rioux.
Il affirme néanmoins que ces démarches prendront plusieurs formes au cours des prochaines années, mais que pour l’instant, l’OMVQ s’affaire à négocier un accord qui permettra aux vétérinaires de France formés dans des universités non accréditées par l’American Veterinary Medical Association de venir s’installer au Québec tout en obtenant un permis d’exercice québécois. La reconnaissance des acquis sera aussi valide pour les vétérinaires québécois désirant s’installer en France.