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La première partie de cet article s’intéressait au phénomène du déclin des colonies d’abeilles et à ses causes. Nous nous penchons aujourd’hui sur des pistes de solution à ce problème.
Tout le monde s’entend pour dire que plus il y a du pollen, meilleure est la production, mais à la suite du taux anormalement élevé de mortalité des abeilles au printemps 2022, comment faire pour stimuler le repeuplement de ces précieux pollinisateurs dont l’agriculture ne peut se passer?
Certes, l’importation peut solutionner la carence en abeilles en territoire québécois, mais le contexte de la COVID-19 a ralenti les importations, causant pour les apiculteurs une difficulté de renouvellement d’abeilles pour contrer leurs pertes. Du même coup, il y a eu une augmentation assez surprenante des frais de transport. L’autosuffisance en pollinisateurs contre-balancerait l’importation d’abeilles, mais encore faut-il trouver d’autres solutions.
Difficile de passer sous silence le Défi pissenlits du printemps dernier. Le pollen et le nectar des pissenlits contribuant à la survie des abeilles, pourquoi ne pas leur laisser ce garde-manger, dont elles ont grandement besoin, en évitant de tondre sa pelouse en mai? Les gazons de plusieurs municipalités ont donc revêtu le « jaune pissenlit » avec l’affichette Je protège les pollinisateurs bien en vue, signe de mobilisation pour les apiculteurs et les producteurs de petits fruits qui cumulent les défis : hausse du prix du carburant, hausse du coût des intrants, manque d’abeilles pour polliniser leur production, diminution anticipée de la production, baisse des revenus, etc.
Puis, en juin dernier, à même le plan d’agriculture durable 2020-2030 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), un plan d’intervention Horizon 2025 associé à une enveloppe budgétaire de 800 000 $, pour la première année, a été annoncé afin de protéger les pollinisateurs. Des projets qui répondent aux orientations du plan sont actuellement attendus. L’idée est bien accueillie, mais il faudra être patient le temps d’obtenir des résultats.
La technologie au secours des pollinisateurs
Parmi les solutions qui se profilent à l’horizon, il y a toujours l’insémination artificielle, qui demande une manipulation très précise, mais qui pourrait contribuer à une abeille « efficacement améliorée ». « Les apiculteurs qui pratiquent l’insémination artificielle pour leur élevage de reines sont très rares… Cette technique très coûteuse sera peut-être utilisée dans le futur par les amateurs sur une large échelle. Pour l’instant, elle est très peu pratiquée commercialement, mais dans le cadre des travaux de sélection, elle l’est couramment. Les abeilles peuvent avoir de nouveaux potentiels et un bel avenir avec leurs reines fécondées artificiellement 1. »
Et pourquoi pas un robot-abeille pour pallier le manque de ces précieux agents de pollinisation? Le Robot-Fly, une invention de chercheurs de l’Université de Harvard, est un minidrone volant grâce à deux petites ailes, comme un insecte, qui, espère-t-on, pourra un jour être utilisé pour polliniser les plantes et contrebalancer le déficit actuel d’abeilles. D’autres chercheurs se sont concentrés sur la création d’« abeilloïdes », un autre type de robot-abeille volant à 120 battements d’ailes par seconde. Le défi consiste cependant à organiser le déploiement de ces abeilloïdes en milieu naturel et agricole.
Une chose est certaine : sans abeilles, l’agriculture est en péril puisqu’elle a besoin de ces agents pollinisateurs. Et nous aussi… On estime que le tiers de notre consommation est directement ou indirectement lié aux abeilles responsables de la pollinisation des fruits et des légumes.
1. Kouas, H., Adjlane, N. (2021). Les méthodes de l’insémination artificielle des reines d’abeille.
MONIQUE LAMBERT, PH. D., Institut de technologie agroalimentaire du Québec, chef scientifique en pédagogie à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec