Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les agriculteurs de la Chaudière-Appalaches en ont assez de se faire dire que leur région est saturée en phosphore et qu’ils ne peuvent accroître les superficies de terre en cultures, surtout qu’ils viennent d’obtenir, grâce à une demande d’accès à l’information, des chiffres du ministère de l’Environnement datés de 2017 et de 2021 affirmant qu’effectivement, le secteur agricole de la région n’est pas en excès de phosphore.
« Avec les bilans que nous avons reçus, on voit que nos sols sont plus disponibles à recevoir le phosphore. Le ministère nous dit qu’il ne faudrait pas l’interpréter comme ça, mais c’est carrément ça! Il faut lever le moratoire aux endroits où il n’a pas lieu d’être », clame James Allen, président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Chaudière-Appalaches.
Questionné par La Terre, le ministère de l’Environnement précise que les dispositions liées au Règlement sur les exploitations agricoles (REA) qui interdisent d’augmenter les superficies en culture se basent non pas sur le bilan de phosphore cumulé des fermes d’une région, mais simplement sur le niveau de phosphore que peut supporter les rivières de la région. « Lorsqu’une rivière est considérée comme dégradée, son bassin versant entier est considéré comme étant dégradé. […] L’interdiction de culture relève directement des données de qualité de l’eau et des critères d’eutrophisation. Ainsi, pour ne plus être soumis à l’interdiction d’augmenter les superficies en culture établie en 2004, il faut que les résultats du suivi de la qualité de l’eau des cours d’eau situés en milieu agricole soient sous le critère d’eutrophisation de 0,03 mg de phosphore total par litre », répond Sara Bouvelle, des relations médias du Ministère.
D’où vient le phosphore?
James Allen insiste néanmoins sur la nécessité de faire « sauter le REA », stipulant que le Ministère ne peut pas pointer du doigt uniquement le milieu agricole. « Le Ministère pioche sur la tête de l’agriculture depuis des années, mais il ne sait pas la provenance du phosphore, car s’il le savait, il ne piocherait pas sur notre tête. Car les feuilles mortes qui se dégradent en forêt créent du phosphore. Les municipalités déversent directement dans les rivières [leurs eaux usées contenant du phosphore], et ces déversements sont même comptabilisés », indique-t-il, citant l’organisme Fondation des rivières, qui a recensé 36 443 déversements d’eaux usées dans les rivières du Québec en 2021, dont près de 330 déversements par des municipalités directement riveraines de la rivière Chaudière.
Le Ministère répond avec les chiffres d’un rapport de 2017, comme quoi 17 % de la charge de phosphore total à l’embouchure de la rivière Chaudière est d’origine municipale et 65 % est essentiellement d’origine agricole.
Terres laissées en friche
James Allen, qui est producteur laitier dans Chaudière-Appalaches, souligne qu’actuellement, le moratoire sur l’augmentation des superficies cultivables pousse des producteurs qui veulent agrandir des terres près de leur ferme à compenser en achetant des terres dans des régions moins dynamiques et à les laisser en friche, « ce qui est un illogisme total », plaide-t-il.