Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
De plus en plus actifs sur la place publique, des militants végétaliens élèvent leur voix au nom des animaux qui, selon eux, devraient jouir des mêmes droits que les humains. Comment ce message est-il reçu par les acteurs de l’industrie? Regard sur ce phénomène nouveau qui confronte les perceptions.
Les activistes du Mouvement de libération contre l’exploitation animale s’affichent contre le spécisme, un concept selon lequel l’espèce humaine serait supérieure aux espèces animales. D’après eux, il s’agit d’une attitude discriminatoire au même titre que le racisme et le sexisme.
« Les animaux souffrent et ils ont droit à la vie. [Dans l’élevage industriel], ils sont des commodités. On est dans une logique de production et de diminution des coûts au maximum. Le bien-être animal n’est vraiment pas [une priorité] », avance le végétalien Jean-Christophe Pagé. Ce militant participait tout récemment à une vigile devant l’Abattoir Ducharme à Saint-Alphonse-de-Granby, et près des installations de F. Ménard à Ange-Gardien, en Montérégie.
Le Mouvement dit avoir orchestré une centaine de manifestations pacifiques depuis cinq ans à travers le Québec. Les activistes ont comme seule arme leurs pancartes où il est inscrit « Arrêtez de tuer les animaux » ou « Laissez-moi vivre », accompagnées de photos de porcelets ou encore de lapins.
En se présentant devant les abattoirs du Québec, ils n’ont qu’un seul objectif en tête : bannir autant le commerce de la viande que celui de la fourrure ou de la laine d’animaux.
Pression et réactions
« C’est impossible d’avoir une conversation avec eux [ces militants]. Car même si on leur montrait le meilleur traitement du monde, leur agenda, c’est d’abolir l’élevage », affirme sans détour Renée Bergeron, professeure agrégée au Département de biosciences animales à l’Université de Guelph.
La spécialiste en production laitière et porcine reconnaît toutefois que certains groupes de défense des animaux au sein des équipes de travail de l’industrie ont un impact positif sur les pratiques de cette dernière. « On rassemble des intervenants de tous les milieux et l’on arrive à un consensus », assure-t-elle.
Cette approche est même souhaitable selon les Éleveurs de porcs du Québec.
« On est ouverts à la critique, on se remet toujours en question. C’est bon qu’il y ait des questionnements; ça fait partie de la production. Plusieurs groupes de pression viennent nous challenger », poursuit David Duval, président des Éleveurs de porcs.
À titre d’exemple, ce dernier mentionne que les Éleveurs se penchent actuellement sur la caudectomie (coupe de la queue), une pratique souvent dénoncée. S’il admet que ces groupes peuvent contribuer à l’amélioration des pratiques d’élevage, M. Duval est d’avis que la critique doit être « constructive ». « D’un point de vue philosophique, on n’est pas capables de les rejoindre », reconnaît-il en faisant référence aux militants du mouvement antispéciste.
Même son de cloche du côté du Syndicat des producteurs de lapins du Québec, qui s’est doté d’un tout premier code de pratiques cette année. « Ces groupes-là nous poussent à nous améliorer », convient Maxime Tessier, vice-président du Syndicat.
Ce dernier souligne aussi toute l’importance des recherches sur la qualité de vie des lapins. « On les dorlote nos animaux, assure-t-il. Et la qualité de notre viande est exceptionnelle. »
Déjà spécialisé dans les volailles, l’Abattoir Ducharme devrait bientôt ajouter les lapins à ses activités. En réponse aux activistes qui se sont présentés devant son usine, le propriétaire Alexandre D’Amours croit que ce débat n’a pas lieu d’être, qualifiant leurs actions de « perte de temps ». « Le bien-être animal, c’est un dossier très encadré. Je me demande s’ils ont vraiment pris le temps de faire le tour de la question. On ne s’amuse pas à faire souffrir nos animaux. Autant pour un éleveur que pour nous, il n’y a personne pour qui ça paie de faire souffrir un animal », conclut-il.
Abattoirs visités par le Mouvement de libération
|
VOIR AUSSI
Le pouvoir des jeunes et des réseaux sociaux
Plus de végétariens au Canada