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Trois femmes. Trois productrices qui ont été récompensées au cours des trois dernières décennies lors du Gala Saturne de la Fédération des agricultrices du Québec. Trois battantes qui se sont démarquées par leur dévouement et qui, encore aujourd’hui, représentent un symbole de persévérance.
Marie-Jeanne Bélanger a remporté le prix Agricultrice de l’année en 1988 alors qu’elle venait tout juste de démarrer sa coopérative de production ovine à Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Pourquoi s’est-elle vu attribuer cette distinction? « C’est cette année-là qu’on m’a dit : “Madame, vous êtes la première femme à passer au financement.” Il a fallu que je sois assez fonceuse pour ne pas m’arrêter au premier refus! » raconte celle qui avait essuyé quelques revers avant de finalement obtenir un prêt à la banque. C’est ce qui lui a permis d’augmenter constamment la taille de son troupeau jusqu’à ce qu’elle tire sa révérence. Aujourd’hui, elle demeure active en tant que présidente du conseil d’administration du Cercle des fermières de Saint-Alexandre.
Guylaine Bergeron, agronome de formation, a refusé deux fois d’être en lice pour le prix Agricultrice de passion avant de le recevoir en 2003. Sept ans plus tôt, elle a perdu son mari qui pratiquait l’élevage à l’entreprise Porc Plaisant, de Saint-Isidore. « Je trouvais que je n’avais rien fait d’extraordinaire en reprenant la ferme. Je ne pensais pas être capable de le faire », se souvient-elle, avouant avoir eu du mal à se valoriser aux côtés des autres candidates du Gala. « Il faut dire que je suis partie de loin et j’ai dû tout apprendre : tenir la comptabilité, préparer la moulée et amener les porcs à l’abattoir », raconte celle qui est notamment présidente des Agricultrices de la Chaudière-Appalaches-Ouest.
France Lamonde était propriétaire d’une ferme laitière à Lévis, en plus d’être impliquée dans les comités de gestion agricole, lorsqu’elle a remporté le prix Jeune Espoir en 1992. « J’ai toujours accordé beaucoup d’importance à la gestion. J’avais complété mon cours en comptabilité et je souhaitais me réaliser là-dedans. Mon conjoint n’était pas réfractaire à ça, même qu’au contraire, il était content! On voulait tous les deux participer au développement de l’agriculture », témoigne celle qui cultive désormais du blé, du maïs et du soya, en plus d’être présidente de l’Association des propriétaires privés, agricoles et forestiers (APPAF).
Le sens du sacrifice
Lors de ses débuts à la ferme, Mme Lamonde n’y travaillait pas à temps plein. « J’avais un emploi à l’extérieur, car c’était moi qui subvenais aux besoins financiers de la famille. » Quelques années plus tard, elle se retrouve au cœur du tumulte avec Pipeline Saint–Laurent, d’Énergie Valero (anciennement Ultramar), qui traverse ses terres. « Je me suis impliquée pour améliorer le sort des propriétaires par l’entremise de l’APPAF. Énergie Valero proposait des conditions qui n’étaient pas équitables. On devenait responsables s’il arrivait quelque chose », résume-t-elle.
Pour sa part, Guylaine Bergeron a affronté la crise porcine en 2003. Heureusement, elle n’était pas seule. « On doit s’entourer de gens qui croient en nous. C’est la clé du succès. On m’a dit qu’on allait m’aider et qu’il y avait moyen d’arranger les choses », confie-t-elle, l’air soulagé.
Les choses ont aussi fini par s’améliorer sur le plan financier pour Marie-Jeanne Bélanger. Ses pénibles démarches d’approbations bancaires lui ont fait comprendre à quel point elle était tenace. Dès qu’elle a obtenu son prêt, l’heure de la douce vengeance a sonné. « J’ai fait un transfert d’argent dans mon compte à la caisse populaire où l’on m’avait refusé le prêt, pour montrer que mes affaires allaient bien », conclut-elle, sourire en coin.