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SAINT-PIE — Des jeunes de moins de 12 ans s’approprient l’agriculture. Ils conduisent des tracteurs et s’occupent des animaux.
En ce dimanche du mois de novembre, Mathias Hébert, 11 ans, transborde le maïs au volant d’un John Deere de 140 ch. Concentré, il ne quitte pas la moissonneuse-batteuse des yeux. Soudainement, le radio-émetteur se fait entendre : « OK, Mathias, approche-toi, je suis prêt à déverser le grain », lui dit Mario Tanguay, l’opérateur de la moissonneuse et copropriétaire de la Ferme G. Tanguay & Fils. Sans hésitation, Mathias ajuste le système GPS et synchronise sa vitesse avec celle de la batteuse.
Il n’y a personne d’autre dans la cabine. Le jeune homme maîtrise très bien la situation, comme s’il avait conduit toute sa vie. « Ce n’est pas difficile, lance-t-il.
Surtout avec la transmission automatique du tracteur. La technologie contrôle aussi une partie de la conduite. Si je veux freiner, j’appuie sur la pédale de frein et tout s’arrête. » Une fois arrivé près du camion, il déploie la vis de déchargement et déverse le grain avec précision.
« Le petit torrieu! Même s’il a seulement 11 ans, il est plus habile que des stagiaires de 20 ans que nous avons déjà eus », affirme Julien Tanguay, qui travaille à la ferme située près de Saint-Hyacinthe.
Le don
Mathias a hâte aux fins de semaine et aux journées pédagogiques qu’il dédie entièrement à l’agriculture. « Je ne joue pas aux jeux vidéo. Ce que j’aime, c’est être à l’extérieur, conduire les tracteurs et apprendre de nouvelles choses à la ferme. Plus tard, je veux être producteur », explique-t-il.
Sa mère, Julie Lacasse, s’abstient de freiner la passion de son fils. Elle utilise plutôt l’agriculture comme source de motivation en ce qui a trait à l’école. « S’il veut conduire les tracteurs, il doit obtenir de bons résultats scolaires et avoir fait ses devoirs la veille », assure-t-elle.
Mathias conduit seul les tracteurs depuis l’âge de neuf ans et effectue les travaux de semis et la récolte de plantes fourragères et de grains. Certains pourraient dire qu’il s’agit d’un âge critique pour piloter de la machinerie lourde, des propos que nuance Mme Lacasse. « Mathias a un tempérament calme. Il est attentif aux consignes de sécurité. Tu ne répètes pas avec lui, témoigne sa mère. Mes autres enfants n’ont pas le même caractère; ils ne pourraient pas commencer aussi jeunes. Mathias a un don pour la machinerie; il a ça dans le sang. » Elle ajoute que le travail à la ferme rend l’enfant plus autonome, responsable et débrouillard.
Ailleurs, même réalité
À Varennes, près de Montréal, François Jodoin récolte le maïs avec Antoine, son fils de huit ans, mais chacun à bord de sa propre machine. « On commence à lui faire conduire le tracteur avec le grain cart. Il n’est jamais seul puisqu’un employé est assis à côté de lui. Il a le tour et est vraiment passionné. Ça fait chaud au cœur, car en quelque sorte, on cultive la terre pour la léguer à ses enfants », mentionne M. Jodoin.
Une fois la journée au champ terminée, Antoine allume sa tablette pour gérer sa propre ferme en jouant au Farming Simulator. Il choisit ses tracteurs et s’occupe de ses champs et de ses animaux. « C’est très réaliste, estime le père. À l’Expo-Champs, il connaissait plus la machinerie que moi, car il voit beaucoup d’équipement dans son jeu. »
La loi et les enfants
Plusieurs règlements encadrent la participation d’un enfant aux travaux à la ferme. La Terre a contacté la Société de l’assurance automobile du Québec, la Sûreté du Québec et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Un enfant a le droit de conduire un tracteur dans un champ. Aucune disposition légale ne l’interdit. Cependant, les parents peuvent être passibles d’une amende de 1 000 $ s’ils autorisent leur enfant à commettre une action susceptible de mettre en péril la sécurité publique. De plus, ils peuvent être tenus criminellement responsables d’un accident causé par leur enfant ou à leur enfant.
D’autres règlements sont précisés dans la présente édition papier de la Terre de chez nous.