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Par sa ténacité et sa passion, la productrice avicole Hélène Miron laisse derrière elle un immense legs aux générations de femmes qui la suivent, y compris celles de sa propre famille qui ont suivi ses traces.
La dame, qui a été récompensée à maintes reprises pour son implication dans le milieu agricole, est décédée à l’âge de 86 ans le 14 mai dernier d’une fibrose pulmonaire. Lorsqu’on résume la vie d’Hélène Miron, le mot « première » revient à plusieurs reprises. Elle a été parmi les premières femmes du Québec à devenir productrice avicole en acquérant seule une ferme à Sainte-Cécile-de-Milton en 1980, ouvrant de ce fait la voie à plusieurs autres. Elle a souvent raconté dans différentes entrevues comment il a été difficile de convaincre la banque de lui accorder un prêt. « Elle nous a toujours montré que le travail n’était pas plus difficile pour une femme que pour un homme. Et encore aujourd’hui, je poursuis à la ferme en ne me posant pas de questions à cet égard.
J’ai toujours pensé qu’une femme pouvait aussi bien réussir que n’importe qui », raconte la fille d’Hélène Miron, Jocelyne, qui a repris les rênes de l’entreprise en 1994. Là encore, elle et sa mère ont débroussaillé un sentier qui n’avait jusque-là jamais été ouvert : la Ferme Johel a été la première à être léguée de mère en fille. Et l’aventure ne s’est pas limitée à cette frontière, puisque l’arrivée dans l’équipe de la fille de Jocelyne, Geneviève Boisvert, a permis à la ferme de se distinguer encore une fois avec trois générations de femmes à sa tête.
Une passionnée qui adorait s’impliquer
À travers les années, Hélène Miron a progressivement laissé la gestion de la ferme à sa fille et à son gendre pour continuer à ouvrir d’autres voies. Elle a été la première femme élue présidente de son syndicat de base à l’Union des producteurs agricoles (UPA), où elle a siégé pendant 25 ans, et la première femme élue au sein du Syndicat des éleveurs de volailles de sa région. Elle a également multiplié les implications dans diverses organisations, notamment avec la relève, qui était très importante à ses yeux. « Après mon arrivée en 1994, on ne la voyait plus souvent. On s’occupait de la ferme, et elle, elle faisait son PR. Elle croyait qu’il était important de s’impliquer pour changer les choses », confie Jocelyne Miron.
Sa ténacité pour défendre les dossiers qui lui tenaient à cœur a été reconnue, notamment avec le titre d’Agricultrice de l’année en 1992, et le prix Coup de chapeau au Gala Agristar qui lui a été décerné en 2014 pour « avoir ouvert la voie aux femmes dans un métier majoritairement composé d’hommes ». Dans une entrevue accordée à La Terre en 2018, elle confiait qu’elle devait son esprit combatif à sa mère, qui lui a rappelé l’importance de se défendre depuis son enfance. « Mon père est décédé quand j’avais sept ans. J’ai appris à être un petit tomboy », disait-elle.
Fière de sa vie
Dans ses derniers moments, Hélène Miron ressentait une très grande fierté de voir travailler sa famille ensemble à la ferme avicole. « Elle y a trouvé le sens de son aventure agricole et même, le sens de sa vie en voyant notamment trois générations de femmes aux commandes », rapporte Frédéric Paris, le conjoint de Jocelyne Miron.
Quant à savoir si l’histoire se poursuivra avec une quatrième génération de femmes, les chances sont moins bonnes. « Pour l’instant, nous n’avons encore que des garçons comme petits-enfants. Mais les choses pourraient encore changer », indique Jocelyne Miron. « Ce n’est toutefois pas un objectif pour nous », nuance la fille de Jocelyne, Geneviève Boisvert, qui souhaite d’abord que les enfants choisissent une voie qui les passionne, « un peu comme ma grand-mère nous l’a enseigné », précise-t-elle.
Tous à la table autour du même poulet Selon Jocelyne Miron et sa fille Geneviève Boisvert, il est possible de travailler en famille à la ferme en s’assurant que chacun puisse se réaliser à sa manière. « Ma mère, ma fille et moi sommes toutes des têtes fortes. Quand j’ai repris les rênes en 1994, j’ai développé un autre modèle d’affaires en mettant sur pied un kiosque de vente de poulet directement à la ferme, dit-elle. Et ç’a été la même chose quand ma fille est arrivée, puisqu’elle a développé un volet cuisine, qui nous permet de vendre des produits préparés à base de poulet. » Cette structure a permis à tous les membres de la famille de vivre avec le même quota, sans devoir en acquérir davantage. « Au lieu de ça, nous avons diversifié notre modèle de mise en marché », spécifie Mme Miron. |