Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Depuis 2006, 114 fermes ont vu le jour en faisant appel au Programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières. De ce nombre, 83 sont toujours en exploitation, soit 72 %, révèlent les Producteurs de lait du Québec, instigateurs du programme. De la réussite ou de l’échec, des agriculteurs font part de leur expérience.
SAINT-NORBERT-D’ARTHABASKA — Ils se sont rencontrés comme ouvriers agricoles dans une ferme laitière. Aujourd’hui, ils ont quatre jeunes enfants et sont fiers d’avoir fondé leur propre entreprise en production laitière. Ils s’apprêtent même à en acheter une plus grande : bienvenue à Saint-Norbert-d’Arthabaska, chez Nancy Lecours et Vincent Comtois.
Un refus
« Pourquoi travailler pour d’autres toute notre vie dans ce qu’on aime alors qu’on pourrait le faire à notre compte? », s’est dit le couple en 2003.
Avec une discipline de fer, Nancy Lecours et Vincent Comtois ont ainsi amassé une mise de fonds et ont un jour acheté une vieille étable, sans terre agricole, à Saint-Norbert-d’Arthabaska, dans le Centre-du-Québec. Restait ensuite à rénover le tout et à obtenir le prêt de 12 kilos de quota des Producteurs de lait du Québec (PLQ) dans le cadre du Programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières.
Mais surprise : leur demande a été rejetée par les PLQ.
« On était vraiment déçus. Pour nous, il n’y avait pas d’autre option. Alors on les a appelés et rappelés. J’ai même dû déplaire à des personnes en passant par-dessus leur autorité pour parler à d’autres. On a appris qu’une technicalité du programme nous disqualifiait, qu’on a réussi à faire changer », se remémore Vincent Comtois, fier d’avoir « tenu son bout ».
Nerveux et fébrile
Le couple achète ses animaux de l’oncle de Vincent, un certain Mario Comtois, de la célèbre exploitation de génétique laitière Gen-Com. Les bêtes descendent du camion et ça y est : l’aventure commence le 28 octobre 2012. « Il y avait juste Nancy et moi pour la première traite. On était nerveux et fébriles. Il fallait inventer notre propre routine. On se disait : “C’est vraiment vrai, on part notre ferme” », dit Vincent, aujourd’hui copropriétaire de la Ferme Vincy.
Les deux agriculteurs mentionnent que les premiers mois ont été ardus.
« Il a fallu faire avec les limites d’un vieux bâtiment où rien n’était automatisé et mécanisé. La ventilation n’était pas adéquate; les vaches avaient chaud et nous aussi. C’était très difficile. Elles ont eu plusieurs mammites, d’autres “ne collaient pas” [n’entamaient pas de gestation]. On peinait à produire nos volumes de lait. On s’est remis en question à plusieurs reprises », confie Nancy.
Vincent ajoute que les achats de foin et d’animaux ne tournaient pas toujours à leur avantage. « Crois-moi que ce n’est pas parce que le vendeur te montre une bonne analyse de foin qu’il va t’en livrer du bon, qui sera appétant pour tes vaches. On a aussi appris avec le temps que choisir une vache parce qu’elle est 500 $ moins cher, même si le vendeur te dit que c’est une bien bonne bête, elle vaut en vérité 500 $ de trop », donne-t-il en exemple.
Un double emploi
Le couple détenait de l’expérience en production laitière et avait des parents issus du milieu, mais la rentabilité de son entreprise n’était pas optimale au début. La décision initiale d’utiliser des concentrés pour nourrir les vaches plombait ses profits. Ensuite, la baisse du prix du lait a fait mal au budget des jeunes gestionnaires. « Heureusement, on était deux et on est restés déterminés », affirme Nancy. Le duo misait sur le salaire de Vincent qui, en plus de ses tâches à la ferme, travaillait jusqu’à tout récemment à temps plein comme mécanicien chez un concessionnaire John Deere. « Ce qui nous a beaucoup aidés, c’est d’avoir un vrai mentor : notre voisin, M. Lemieux. Ils nous a souvent dépanné, nous a donné des conseils [qui allaient parfois à l’encontre de nos idées], et lui, il nous a toujours vendu du foin de qualité depuis le début », dit Nancy.
La ferme du couple progresse et atteint maintenant les 38 kilos de quota. Les agriculteurs sont présentement en processus d’acheter une plus grande entreprise où ils comptent faire croître la production jusqu’à 80 kilos de quota. Une ferme où ils auront leurs propres terres, ce qui leur permettra de produire leur fourrage. Et surtout une exploitation viable qu’ils auront créée de A à Z et qu’ils espèrent léguer à leurs enfants.
Fonctionnement Le programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières permet aux jeunes agriculteurs d’avoir accès au rare quota disponible et leur accorde 10 ans pour le payer. Ceux qui font appel au programme doivent également acheter au moment du démarrage une quantité égale au prêt. Par exemple, s’ils se font prêter 10 kg, ils doivent en acheter 10 pour un total de 20 kg. Rappelons que le prix du quota, c’est-à-dire le droit de produire 1 kg de matière grasse par jour, vaut 24 000 $/kg. Au fil des années, entre 10 et 16 kg de quota ont ainsi été prêtés. |
VOIR AUSSI
Le rêve brisé d’une productrice